ON NE contestera pas l’importance historique de cet attentat. On ne dira pas qu’il n’a rien changé aux modes de vie occidentaux. On n’essaiera pas de dire que le terrorisme n’a pas modifié en profondeur les politiques des États visés par un crime d’ampleur planétaire et fort bien organisé. On ajoutera que la presse est libre, tellement libre que ses débordements ne peuvent être accueillis que par un soupir agacé. Mais si les attentats du 11 septembre 2001 ont traduit un grave défaut dans la cuirasse américaine et une brèche énorme dans le système de sécurité des États-Unis, s’ils ont déclenché la guerre d’Afghanistan, qui ne se terminera pas par la victoire des Occidentaux, s’ils ont permis à George W. Bush d’envahir l’Irak à un prix incalculable et au mépris de la légalité internationale, ils ont décrit sans méprise possible l’agresseur et l’agressé. Après l’exécution de Ben Laden et de plusieurs de ses lieutenants, ce retour aux images terribles de l’époque offre en quelque sorte une seconde victoire aux terroristes, pour qui la fin justifie les moyens, même s’il s’agit, pour eux, de se livrer à l’extermination massive de milliers de civils.
Négationnisme.
Certes, cette exploration dans le passé, soutenue par des documents restés aussi implacables que le premier jour, permet aussi de rappeler le sacrifice des policiers et pompiers qui ont perdu la vie en tentant de sauver leurs compatriotes ou ont gardé les séquelles des maladies respiratoires qu’ils ont contractées dans cet ouragant de feu et de poussière. Elle permet de rappeler les difficultés qu’a eues l’Amérique à se réorganiser contre des formes d’agression auparavant faibles ou inexistantes. Mais non seulement elle fait renaître en nous des angoisses qu’il est préférable de surmonter par l’oubli ou tout au moins par l’usure du temps, elle montre une fois de plus comment le crime le plus monstrueux que puisse commettre une bande de voyous peut être retourné contre les victimes. Le négationnisme, colporté par des gens qui en ont fait leur commerce littéraire ou par des personnages, par exemple une grande actrice, qui n’ont pas compris que le sujet les dépassait, c’est une insulte lancée aux morts et aux blessés qui n’auraient été martyrisés que par le gouvernement américain. Il continuera d’avoir son petit succès comme le déni de la Shoah continue d’avoir des adeptes, sans acquérir néanmoins beaucoup de crédibilité. Il est remplacé aujourd’hui par une réflexion qui se veut profonde et qui consiste à renvoyer dos-à-dos Al-Qaïda et George W. Bush, sous le prétexte qu’ils parlaient le même langage : Dieu, la guerre et la vengeance. On n’est pas obligé de vénérer M. Bush ni même d’avoir la moindre once de sympathie pour lui. Mais ce n’est pas lui qui s’est livré à la provocation, ce n’est pas lui qui a volontairement tué des civils par milliers, ce n’est pas lui qui a cherché l’affrontement.
L’EXCUSE ACCORDÉE AU TERRORISME EST UNE INSULTE AUX VICTIMES
L’argument selon lequel la politique impérialiste de l’Amérique et de ses alliés a déclenché chez les groupes islamistes une fureur qui explique leur violence est de ceux qui ne méritent pas débat. Il suffit de montrer que le printemps arabe ne s’est pas inspiré de l’intégrisme, dont on n’a pas assez souligné l’immense défaite lorsque se sont soulevés des Tunisiens, des Libyens, des Égyptiens, des Syriens et d’autres qui réclament des réformes démocratiques, à l’opposé des dictatures qu’ils ont abattues et de l’obscurantisme que des fanatiques espéraient leur imposer un jour, et très proches du système qui nous régit. L’observation minutieuse des comportements des groupes intégristes ne vaut que si elle contribue à les faire disparaître. Elle ne doit pas donner l’absolution à des actes dont la finalité consiste à priver le monde de ses libertés.
De telles réflexions ne diminuent en rien le danger représenté, encore aujourd’hui, par le terrorisme ; lorsqu’il a eu l’idée machiavélique de retourner contre nous nos propres technologies et nos propres coutumes, il nous a contraints à renoncer à un mode de vie fondé sur la confiance qu’accorde la société à ceux qui la composent. Des avions de ligne transformés en fusées air-sol, de simples cutters utilisés pour un complot infiniment plus abominable que les blessures qu’ils peuvent causer, des chaussures explosives, des fluides inflammables, des émules encore plus cruels dans l’extrême-droite (qui se ressemble s’assemble), voilà qui nous a tous contraints aux fouilles corporelles dans les aéroports où désormais tout voyageur est un suspect, à nous méfier du prochain et à observer avec inquiétude les colis abandonnés dans les gares. Les terroristes nous ont enlevé un peu de notre joie de vivre, ils nous appris la méfiance. C’était leur objectif. Nous n’avions pas d’autre choix que de perdre une partie de nos droits, ceux qui sont accordés d’emblée aux innocents. Voilà où se situe leur victoire.
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