La rentrée est de plus en plus agitée en médecine libérale, qui voit refleurir des mots d’ordre radicaux comme la grève des gardes, des consignes tarifaires ou le déconventionnement.
Le projet de loi de santé de Marisol Touraine, divulgué au cœur de l’été, cristallise l’opposition des syndicats de médecins de ville.Tous l’accusent de privilégier l’hospitalisation publique et de confier les pleins pouvoirs aux agences régionales de santé (ARS).
Le service territorial de santé au public (STSP) fait craindre un pas vers le conventionnement sélectif et la fin de la liberté d’installation. De nombreuses mesures menaceraient l’exercice libéral, affirment les organisations : l’interdiction des dépassements d’honoraires dans les cliniques participant au service public, la légalisation des "testings", la généralisation du tiers payant, la remise en cause du volontariat dans la permanence des soins, le nouveau métier d’infirmière clinicienne ou encore la délégation de la vaccination aux sages-femmes et aux pharmaciens... N’en jetez plus !
Des « pigeons » à MG France, beaucoup de mécontents
L’intention initialement affichée de rénover le parcours de soins en privilégiant les soins ambulatoires autour du généraliste a vécu. Même le Dr Claude Leicher, président de MG France, est amer : « Tout ce qui était prévu pour encourager le travail en ambulatoire et des équipes de premier recours a été détricoté ».
Lors de la journée de rentrée de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), représentants des cliniques et médecins de ville ont souhaité se fédérer contre le projet de loi Touraine.
Depuis quelques jours, les libéraux haussent le ton. L’Union française pour une médecine libre (UFML) a déjà annoncé une grève de la télétransmission et des gardes à partir du 1er octobre. Pas en reste, la Fédération des médecins de France (FMF) envisage d’appeler au « déconventionnement » lors de son congrès à Marseille les 10 et 11 octobre. Mais cette arme souvent brandie est rarement utilisée.
Escalade
Deux autres centrales syndicales qui réuniront leurs troupes à la fin de cette semaine, vont faire monter la pression d’un cran. Le président de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz, décèle les prémices d’un « conflit majeur » en cette rentrée. Au projet de loi santé, s’ajoute la réforme des professions réglementées (voir ci-dessous) et le « harcèlement » de certaines caisses à l’encontre de généralistes qui prescrivent trop d’IJ, qui empêchent la substitution générique, ou de spécialistes qui facturent des dépassements jugés excessifs. La Conf’ devrait taper du poing sur la table, lors de son université d’été, de vendredi à dimanche à Lille.
Le Syndicat des médecins libéraux (SML), qui se réunira à Marseille le week-end prochain, est également sur le qui-vive. « Nous allons lancer une pétition nationale et une campagne médiatique contre la loi de santé qui met en danger le système et le libre choix du patient », affirme son président le Dr Roger Rua. L’absence de négociation tarifaire spécifique aux médecins depuis l’encadrement des dépassements d’honoraires en octobre 2012, est un puissant motif de colère. Selon nos informations, le SML pourrait poser la question en AG de l’opportunité de revenir sur sa signature conventionnelle.
Une exigence, la hausse du C
« La baisse de la consommation de soins va affecter les revenus des médecins généralistes, observe aussi le Dr Claude Leicher, président de MG France. On est en train d’atteindre un niveau dangereux ». L’indemnité kilométrique (IK) n’a pas été revalorisée depuis 1996, rappelle-t-il. Et les médecins de famille vivent mal de ne pas pouvoir appliquer certaines majorations éligibles aux autres spécialistes. « Il faut supprimer l’avenant 19 pour que les généralistes bénéficient de la consultation à 25 euros », clame le Dr Leicher.
Les généralistes de la CSMF (UNOF) exigent également la revalorisation du C à 25 euros, l’application du C2 pour les consultations complexes, et des aides pour se doter d’un secrétariat. Ils posent ce préalable avant toute signature d’un accord interprofessionnel sur la rémunération des équipes de soins.
Ces revendications en ordre dispersé peuvent-elles donner naissance à un front libéral commun ? Le Dr Jérôme Marty (UFML) veut le croire, qui prédit un arrêt d’activité illimité lorsque la loi de santé sera examinée au Parlement. « Il y a aura une contestation dure jamais vue », renchérit le Dr Philippe Cuq, président du Bloc (majoritaire parmi les spécialités sur plateaux techniques).
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