L’OPPOSITION insiste, avec délices, sur les contradictions de la majorité, qui sont légion depuis la formation du gouvernement Ayrault. Certes, l’équipe dirigeante ne donne pas une forte impression de cohésion et le Premier ministre a laissé entendre que le prochain couac serait sanctionné : M. Peillon a failli perdre son emploi (il ne s’en serait pas remis tant il a d’ambition pour le système éducatif français), mais comment mettre un terme aux propos de Claude Bartolone, qui n’appartient pas à l’équipe dirigeante et détient un poste électif ? On aura tout le loisir de mesurer l’autorité de Jean-Marc Ayrault dans les mois à venir, car il convient que ses ministres parlent d’une seule voix. Mais le problème n’est pas là : il est dans les renoncements du pouvoir, qui, conscient de la brutalité de sa politique fiscale, tente maintenant de lâcher un peu de lest, comme s’il pouvait se le permettre.
Versatilité du gouvernement.
François Hollande a choisi d’augmenter les impôts de 20 milliards qui affecteront pour la moitié les foyers français et, pour l’autre moitié, les entreprises. Il a prévu d’économiser 10 milliards sur la dépense publique. Mais seul le débat budgétaire au Parlement permettra de savoir si ces économies sont réelles. Quoi que l’on pense d’une cruelle hausse des impôts, la plupart des Français considéreront que le sacrifice en vaut la peine si, grâce à lui, le redressement des comptes est assuré. En d’autres termes et, quoi qu’en pensent les tenants de la critique systématique, on ne peut pas soumettre chaque mesure à un référendum. M. Hollande dispose d’une majorité, il définit la politique qu’il entend conduire pendant son mandat et il a obtenu le droit de choisir ses propres instruments parce qu’il a été élu président.
Tout cela serait bel et bon si la politique budgétaire était définie et appliquée une fois pour toutes. Ce ne sont pas les digressions ou les contestations nées dans le camp de la majorité qui la freinent, c’est la versatilité du gouvernement, extraordinairement sensible à la critique, comme s’il n’était pas sûr lui-même de bien faire. Un exemple : les fameux « patrons-pigeons », autrement dit les P-DG de start-up que l’État entendait taxer à 60 % s’ils vendaient leur entreprise, ont conduit une campagne aussi rapide que violente contre une mesure effectivement inique qui présentait l’immense inconvénient de dégoûter les vrais créateurs d’emplois dans ce pays. Questions : comment M. Ayrault n’a-t-il pas décelé le vice de forme de sa mesure, pourquoi M. Moscovici, ministre de l’Économie, n’a rien vu venir, pourquoi M. Montebourg n’a-t-il pas fait en sorte que l’hypothèse de taxer excessivement les ventes de start-up fût écartée avant même d’avoir vu le jour ? Par quelle recette celle-ci sera-t-elle remplacée ?
L’ETAT NE SE DONNE PAS LES MOYENS DE PARVENIR AUX 3%
Autre exemple : le gouvernement sait-il avec certitude combien vont lui rapporter ses hausses d’impôts dès lors qu’il multiplie les exceptions ? Il ne modifie pas les tranches du barème, mais il continue à exonérer les deux premières tranches ; il renonce à une recette ISF large en conservant le système qui favorise les investissements dans les DOM-TOM ; il ne touche pas aux œuvres d’art. Toutes ces exonérations sont autant d’argent qui ne rentrera pas dans les caisses de l’État. Elles font porter tout le fardeau fiscal sur la classe moyenne ou moyenne supérieure, celle qui ne cherche jamais à éviter l’impôt, et aggravent ainsi une forte inégalité fiscale.
On ne reviendra pas sur une prévision de croissance, sans doute optimiste, qui contraindra le gouvernement à mettre en place au milieu de 2013 un collectif budgétaire accroissant encore (est-ce possible ?) la fiscalité. On se résignera aux économies trop timides sur les dépenses. On prendra au mot le gouvernement quand M. Ayrault réaffirme solennellement que la cap des 3 % sera maintenu. Mais M. Bartolone et d’autres se livrent tous les jours à un tir de barrage contre les 3 %. Si le pouvoir constate que les recettes fiscales ne rentrent pas, si les gens, accablés par la fiscalité, se révoltent, le chef de l’État ne sera-t-il pas tenté de dire que 3,5 % ou même 4 %, ce n’est pas la fin du monde ? Non, ce ne serait pas la fin du monde. Mais cela signifiera que nous ne tenons pas nos engagements et que les taux auxquels nous empruntons augmenteront. Et c’est ainsi que nous resterons dans le cercle vicieux.
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