« C’EST UN petit homme encore svelte, à l’œil vif et à l’élocution claire, mais voûté et à la démarche hésitante. » Président de la Fédération européenne des médecins catholiques, le Dr François Blin a pu rencontrer Benoît XVI et lui serrer la main lors d’une audience en novembre dernier. « Je l’avais trouvé souriant et détendu, chaleureux autant qu’on peut l’être dans ce type de rencontre, mais il prenait visiblement sur lui pour surmonter son extrême fatigue. »
Pourtant, assure le Dr Alessandro de Franciscis, président de la commission médicale de Lourdes, qui a connu le pape quand il était cardinal à Rome, « il n’est pas à proprement parler malade, il est dans un état de faiblesse proche de l’épuisement. Biologiquement, il n’est plus en mesure de suivre le rythme qu’impose sa charge. » D’où la déclaration du lundi 11 février, devant les cardinaux romains : « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne me permettent plus d’exercer pleinement mon ministère pétrinien. »
Un AVC en 1991.
Les rumeurs sur la santé avaient circulé depuis son élection, en 2005, à un âge,78 ans, qui en faisait le plus vieux pontife élu depuis Clément XII, en 1730. « Sa santé n’est pas bonne, avait confié son frère aîné Georg, je crains qu’il ne meure à la tâche. » Le journal à grand tirage « Bild » affirmait alors que le cardinal Ratzinger avait été hospitalisé pendant près d’un mois en 1991, à la suite d’un accident vasculaire cérébral, et qu’il avait souffert de plusieurs pertes de connaissances au cours des années suivantes.
Officiellement, Benoît XVI, durant ses huit ans de pontificat, ne s’est rendu qu’à une seule reprise dans un hôpital, à Aoste, en juillet 2009, après une chute dans sa salle de bains, alors qu’il était en vacances. Il avait été opéré sous anesthésie locale pour « une légère fracture du poignet droit » et avait pu quitter l’établissement le jour-même.
La messe de minuit de Noël de la même année avait été avancée de deux heures pour qu’il puisse se coucher plus tôt, le Vatican précisant que sa santé était « absolument normale ». En octobre 2011, il utilisait pour la première fois une estrade mobile pour se rendre de la sacristie jusqu’à l’autel de la basilique Saint-Pierre, officiellement pour « alléger sa fatigue » et « non par indication médicale ». En mars 2012, sur le tarmac de l’aéroport de Mexico, il marchait en s’aidant d’une canne.
Pas de bulletin de santé.
Selon un vaticaniste, le pape souffrait d’arythmie cardiaque et d’hypotension et il suivait un traitement anticoagulant par antivitamines K. Aucun bulletin de santé n’a été publié par son médecin traitant, un cardiologue réputé, le Pr Patrizio Polisca, de la faculté romaine de Tor Vergata, qui avait pris le relais du Pr Renato Buzzonetti, un interniste précédemment en charge de la santé du pape Jean-Paul II.
Pour l’avoir rencontré à Lourdes en qualité de président du CMIL (Comité médical international de Lourdes), le Pr François-Bernard Michel, président de l’Académie de médecine, garde le souvenir d’« un homme qui souffrait intérieurement, il pâtissait et faisait un effort surhumain pour remplir sa charge. Sa démarche dénotait la peur de tomber, avec des gestes évocateurs d’un syndrome extrapyramidal. Sans aucun doute, la décision qu’il a prise a été motivée médicalement parlant. A la différence de son prédécesseur, il n’a pas voulu donner au monde une image d’impotence en demeurant plus longtemps à la tête de l’Eglise. »
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