RÉALISÉ par une équipe d’universitaires allemands, le rapport* montre que, si les grandes données de la santé des femmes épousent évidemment celles de toute la population – allongement sensible de la durée de vie, maladies cardio-vasculaires et cancers en tête des causes de décès, augmentation inquiétante de l’obésité et du diabète par exemple –, elles se conjuguent aussi en fonction de spécificités propres.
Comme pour les hommes, ce sont les femmes des pays d’Europe centrale et orientale, et en particulier les habitantes des trois pays baltes, qui cumulent les plus mauvais indicateurs de santé. Mais ce sont les Britanniques, les Autrichiennes et les Allemandes qui sont les plus touchées par le surpoids et l’obésité, et le diabète progresse fortement dans toute l’Europe. Les Estoniennes se distinguent par une mortalité liée à l’alcoolisme plus de deux fois et demi supérieure à celle de toutes les autres Européennes, cette cause de mort féminine étant d’ailleurs quasi inexistante dans les pays méditerranéens, France exceptée. Les Autrichiennes sont, elles, les championnes du tabagisme à tout âge, les Lituaniennes, les Slovaques et les Belges étant pour leur part les plus suicidaires. Une Européenne sur 7 – et un Européen sur 6 – mourra d’une affection coronarienne, cause de mort la plus fréquente, suivie par les maladies cérébro-vasculaires puis par les cancers : chez les femmes, les localisations les plus fréquentes sont le sein, le colon et le rectum, l’utérus et le poumon.
Les femmes sont moins victimes d’accidents et de morts violentes que les hommes, phénomènes masculins dans plus de deux tiers des cas. Elles sont aussi moins touchées par le sida, avec une femme infectée pour deux hommes, mais plus menacées qu’eux par certaines infections comme les chlamydiae. La prévalence des dépressions est à l’inverse beaucoup plus forte chez elles et les tentatives de suicide deux fois plus nombreuses. À âge égal, les femmes sont aussi plus souvent touchées par les démences et la maladie d’Alzheimer que les hommes, surtout après 85 ans.
L’accès aux soins.
Le rapport aborde également la question de l’accès aux soins, sans établir pour autant de lien irréfutable entre la prévalence de certaines affections plus féminines et des difficultés spécifiques d’accès aux soins pour les femmes. On notera que c’est en République tchèque et en Grèce que les femmes disposent du plus grand nombre de gynécologues, alors que cette spécialité est particulièrement rare en Irlande.
En matière de dépistage des cancers féminins, 91 % des 59 millions d’Européennes âgées de 50 à 69 ans ont déjà été ciblées par un programme national, régional ou local de dépistage du cancer du sein. De même, 98 % des 109 millions de femmes âgées de 30 à 60 ans ont été invitées d’une manière ou d’une autre à un dépistage du cancer du col de l’utérus, ces chiffres ne signifiant pas, bien entendu, que toutes ces femmes aient répondu favorablement à ces campagnes. La vaccination anti-HPV progresse, elle, beaucoup plus lentement, et ne s’affirme vraiment que dans six ou huit pays d’Europe occidentale, dont la France.
Globalement, montre enfin ce travail, lorsque l’accès aux soins est de bonne qualité, comme en Europe occidentale, il l’est pour les deux sexes, alors qu’il est souvent plus problématique dans certains anciens pays de l’est… mais là aussi autant pour les hommes que pour les femmes.
Si toutes ces données ne sont par forcément nouvelles, elles ont le mérite d’être présentées pour la première fois de manière globale et au niveau de toute l’Europe. Pour la Commission européenne, les différences entre la santé des hommes et des femmes vont bien au-delà de la santé sexuelle et reproductive et sont souvent liées à des facteurs environnementaux, comportementaux et biologiques qui justifient des études plus approfondies et des actions adaptées.
L’intégralité de l’étude est disponible sur le site Internet de la Commission européenne, à l’adresse : http://ec.europa.eu/health/population_groups/docs/women_report_en.pdf.
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