Le comité de pilotage du tiers payant généralisé doit être installé ce mercredi au ministère de la Santé. De nombreux représentants des professionnels de santé libéraux (pharmaciens, infirmières, kinés, biologistes…) sont attendus à cette réunion pilotée par la direction de la Sécurité sociale (DSS), à laquelle participeront les organismes d'assurance-maladie obligatoire et complémentaire.
Quatre des cinq syndicats de médecins représentatifs (CSMF, FMF, SML et Le BLOC) ont cependant décidé de boycotter la réunion, de même que les dentistes (CNSD).
La DSS devrait présenter un bilan de l'existant, préparer la prochaine étape de dispense d'avance de frais pour les personnes à 100 % (femmes enceintes et personnes en ALD) au 1er juillet et l'éventuelle mise en place d'ateliers spécifiques.
Le boycott des médecins, opposés à la généralisation du tiers payant, ne semble pas déstabiliser outre mesure les pouvoirs publics. « Certains seront là, plus il y a de personnes présentes, mieux c'est », confie au « Quotidien » Thomas Fatome. Le patron de la DSS affirme ne pas avoir de pression particulière : « L'objectif, c'est que ça marche, la ministre est très vigilante pour que tous les outils soient bien au rendez-vous. »
Un seul syndicat de médecins présent
Chez les médecins, seul MG France, également opposé à un tiers payant obligatoire, assistera à l'installation du comité de pilotage, « pour défendre les intérêts des médecins généralistes et ne pas laisser des discussions avoir lieu en l'absence de représentant des médecins. » « Nous ne voulons pas d'obligation, ou de surcharge administrative mais des garanties fiables », rappelle le président du syndicat de généralistes, le Dr Claude Leicher.
Pour l'heure, le syndicaliste indique ne pas avoir reçu d'ordre du jour. « Je m'attends à ce qu'on nous resserve les mêmes discussions, que les complémentaires nous disent encore qu'il n'y aura pas de problèmes », glisse-t-il.
Ras-le-bol général
Du côté des « boycotteurs », la CSMF regrette paradoxalement que seuls cinq médecins libéraux entrent dans la composition de ce comité de pilotage à 37 places. « Nous sommes opposés à un tiers payant généralisé, qui alourdit le travail administratif, mais favorables au tiers payant social », explique le syndicat du Dr Jean-Paul Ortiz.
Le Syndicat des médecins libéraux (SML) trouve « inapproprié de prendre part à cette réunion, après avoir combattu la loi de Santé ». Pour le syndicat présidé par le Dr Éric Henry, cela reviendrait « à accorder la victoire finale à l’administration en cautionnant ce système liberticide ».
Pour le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, le boycott est lié à un ras-le-bol général. « Le ministère nous a imposé cette réunion alors qu'il ne montre aucun signe d'ouverture », tonne le Dr Hamon.
« Posture »
L'attitude de la chaise vide adoptée par la majorité des médecins est perçue comme un manque de cohérence par le Dr Claude Pigement, ex-conseiller santé du PS. « Certains syndicats de médecins libéraux se plaignaient d'une trop faible représentation au sein du comité de pilotage mais ils boycottent, c'est dommage », regrette le Dr Pigement, qui regrette cette « posture ».
« Pour autant, il faut savoir écouter les médecins. Certains ont peur d'une surcharge administrative avec le tiers payant, pourquoi ne pas le prendre en compte dans un forfait structure au sein de la future convention ? », propose l'ancien « monsieur santé » du PS.
Le Dr Pigement considère que les choses finiront par se faire « d'elles-mêmes », la première étape étant la mise en place du tiers payant sur la part obligatoire pour les ALD et les femmes enceintes, le 1er juillet prochain.
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