Comment rassurer les Français tout en les invitant à redoubler de vigilance pour cette rentrée sous le signe du Covid-19 ? Tel est l'exercice de communication auquel s’est prêté le Premier ministre Jean Castex, entouré d’Olivier Véran, ministre de la Santé, et de son homologue à l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, lors d'une conférence de presse ce 27 août.
« L'épidémie regagne du terrain, c'est maintenant qu'il faut intervenir, massivement, car sa croissance peut être exponentielle », a exhorté le Premier ministre. Comme la veille au micro de France Inter, Jean Castex a appelé à « l'esprit de responsabilité de tous les Français », face à la recrudescence de l'épidémie (voir ci-dessous) tout en insistant sur la préparation du pays en cas d'éventuel afflux de patients. « Nous avons désormais les outils pour mieux suivre l'évolution du virus, et agir et réagir plus vite », a-t-il déclaré.
C'est ainsi que 19 départements supplémentaires à l'Ile-de-France et aux Bouches-du-Rhône viennent d'être classés en zone de circulation active du virus, ce qui implique la possibilité, pour les préfets et maires, de généraliser le port du masque dans les agglomérations, de renforcer l'impossibilité des rassemblements de 5 000 personnes, ou encore de prendre des mesures complémentaires, par exemple la fermeture des bars et restaurants à 23 heures, à Marseille.
Objectif : 1 million de tests hebdomadaires
« 840 000 tests RT-PCR ont été réalisés en France cette semaine », soit plus que l'objectif de 700 000, s'est félicité Olivier Véran, précisant que le renforcement des dépistages allait crescendo : « J'ai fixé à court terme l'objectif d'un million de tests par semaine en septembre. »
Pour ce faire, la liste des professionnels pouvant tester a été élargie, et l'obligation de prescription, levée, en juillet. Afin de fluidifier l'accès aux laboratoires, ont été définies des priorités, pour les personnes symptomatiques et les personnes à risques. Le ministre de la Santé s'est montré aussi soucieux des délais de rendu d'examen : « 58 % sont rendus en moins de 24 heures. Et 80 % en moins de 36 heures. »
Le ministre de la Santé a réitéré ses déclarations sur la capacité des réanimations hospitalières à atteindre 12 000 lits disponibles, soit 5 000 de plus que lors du pic du 8 avril, « si la situation le nécessitait ». Cela pourrait notamment impliquer des déprogrammations d'actes chirurgicaux. Ont également été anticipées, selon Olivier Véran, les réorganisations des équipes, la constitution de réserves régionales de volontaires, ou des formations renforcées de soignants.
Quant aux médicaments, « nous avons les stocks permettant de fournir jusqu'à 29 000 malades en tout, en réanimation, soit près du double des patients soignés lors de la première vague », a assuré le ministre de la Santé.
Il a ajouté que 60 millions de gants devraient arriver (sur une commande de 400 millions), évoquant la possibilité de prendre un arrêté sur le plafonnement des prix. Par ailleurs, un stock national de deux milliards de masques (1,8 milliard de masques chirurgicaux, 200 millions de masques FFP2) est en cours de constitution et devrait atteindre le seuil d'un milliard fin septembre. Les établissements de santé et professionnels libéraux sont invités à avoir un stock d'avance, leur permettant de tenir 3 semaines.
Du cas par cas et des décisions locales
« Des plans de reconfinement, territoriaux ou globaux, sont prêts sous l'égide du ministère de la Santé » a par ailleurs indiqué Jean Castex, en promouvant les décisions au cas par cas, reconnaissant qu'un reconfinement général aurait de lourdes conséquences humaines. Le principe vaut notamment pour les EHPAD et les écoles. « Il peut y avoir des mesures localisées, ciblées, avec isolement d'une personne présentant des symptômes, remise d'une liste de cas contact à l'ARS, dépistage, analyse des résultats, et fermeture ou non d'une ou plusieurs classes », a détaillé Jean-Michel Blanquer, en écho aux inquiétudes des pédiatres.
À défaut de jouer la carte de l'obligation, eu égard aux comportements individuels, les ministres ont enfin insisté sur la responsabilité de tous. Notamment pour aider à casser les chaînes de contamination. « La lassitude fait que les concitoyens ne respectent pas toujours la période de mise à l'abri de 14 jours » en cas de suspicion d'un cas contact, a regretté Olivier Véran, tandis que les chiffres de téléchargement de l'application StopCovid (2,38 millions d'utilisateurs fin août) sont décevants. La question devrait également se poser lors de l'arrivée d'un vaccin, espéré fin 2020, début 2021.
« Vivre avec le virus implique un certain nombre de contraintes mais ce n’est pas non plus une vie de bagne, la démocratie peut s’en accommoder », a conclu Jean Castex.
Une épidémie en recrudescence
Selon le gouvernement, le taux de reproduction du virus (R-Effectif) est aujourd'hui de 1,4. Il était de 3 lors du pic de l'épidémie au printemps, avant de redescendre sous la barre du 1 en mai (0,7). Plus de 3 000 nouveaux cas sont déclarés chaque jour (vs moins de 1000, à la fin du confinement). Le taux de positivité est supérieur à 3,7 % (vs 1 %, il y a 1,5 mois), soit 39 personnes testées positives pour 100 000 personnes. Un taux semblable aux Pays Bas, quand ceux de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne avoisinent 20/ 100 000, et celui de la Belgique, 60/ 100 000.
Le virus circule particulièrement chez les jeunes, a souligné Jean Castex : le taux de positivité est de 6 % chez les 20 -30 ans.
Enfin, les hospitalisations augmentent, avec plus de 800 nouveaux patients par semaine, contre 500 il y a six semaines.
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