Alors qu'il tirera sa révérence le 31 juillet, le Conseil scientifique Covid-19 créé mi-mars 2020 à la demande d'Emmanuel Macron, publie son dernier avis, ni testament ni retour d'expérience, mais boussole pour aujourd'hui et demain.
L'épidémie de Covid-19 n'est pas finie, met en garde le Conseil scientifique, alors que les dernières projections de l'Institut Pasteur (au 18 juillet) anticipent une baisse des admissions à l’hôpital dans les jours qui viennent - baisse peut-être en trompe-l’œil, en raison du 14 juillet (moins de cas et d’admissions à l’hôpital les jours fériés).
Circulation endémo-épidémique
Le Sars-CoV-2 devrait continuer à circuler et de nouveaux variants pourraient apparaître, sans qu'on puisse prédire s'ils seront plus ou moins sévères qu'Omicron. Cette circulation, possiblement à des niveaux élevés, pourra s'accompagner de poussées épidémiques associées à l’émergence de nouveaux variants, plus accentuées en période automno-hivernale où l’effet saisonnier facilite la circulation du virus. Toutefois, le renforcement progressif de l'immunité populationnelle permet d'espérer une protection croissante contre les formes graves du Covid, lit-on, et donc un impact moindre. Néanmoins, les personnes les plus vulnérables sont toujours susceptibles de connaître des formes sévères de la maladie.
Dans ces conditions, et en l'absence d'un nouveau variant préoccupant, « une stratégie de type "Vivre avec le virus" semble possible et acceptable à l’automne 2022 », estime le Conseil scientifique, ce qui suppose notamment la protection vaccinale des plus vulnérables et des soignants et des mesures comme le port du masque dans les lieux clos. Le Conseil émet néanmoins un bémol : « L’état du système de soin et sa capacité à accueillir un nombre important de patients à l’automne suscitent aujourd’hui de graves inquiétudes. La capacité hospitalière peut constituer un facteur limitant la mise en œuvre ce type de stratégie. »
Meilleure surveillance, vaccination et promotion des traitements
Le Conseil scientifique précise les outils de la réponse sanitaire à développer, à commencer par une meilleure surveillance grâce aux tests et au séquençage, mais aussi la surveillance des eaux usées. En cas d’apparition d’un nouveau variant préoccupant, le Conseil scientifique répète que le dépistage itératif hebdomadaire par prélèvement salivaire est la stratégie la plus adaptée dans les écoles pour permettre une limitation de la circulation virale avec le plus petit nombre de jours de classe perdus (et non le dépistage réactif).
Au-delà de l'importance de la vaccination, le Conseil scientifique insiste sur la nécessité d'aider les médecins à prescrire le Paxlovid (notamment à l'aide d'un outil informatique pour gérer les interactions médicamenteuses), et s'interroge même sur la possibilité pour les pharmaciens d’assurer la prescription de Paxlovid en concertation avec le médecin traitant. Il plaide pour la promotion des anticorps monoclonaux (Evusheld) et demande au gouvernement de mettre tout en œuvre pour que le bebtelovimab, le seul anticorps monoclonal actif sur BA.5 actuellement, soit le plus rapidement disponible en France.
À plus long terme, le Conseil scientifique invite à investir dans des mesures permettant d’améliorer de façon pérenne la qualité de l’air intérieur (maintenance et amélioration des systèmes de ventilation, capteurs de CO2, filtres mobiles HEPA), pour diminuer le risque d’infections respiratoires virales ou bactériennes, mais également les affections allergiques type asthme, les affections cardiovasculaires, etc.
Le Conseil scientifique attire l'attention sur plusieurs points de vigilance, à commencer par le Covid long, « un problème de santé publique à anticiper en urgence » afin de garantir aux patients une prise en charge précoce, et la santé mentale. Il s'inquiète aussi de l'épuisement de l'hôpital, qui obère la capacité à faire face à de nouvelles vagues épidémiques, et de la crise des urgences. Et il appelle à renforcer les mesures de solidarité à l'égard des plus vulnérables (jeunes, précaires, immunodéprimés, âgés, etc.).
Vers un comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires
Enfin, le Conseil scientifique qui disparaît, après avoir remis près de 90 avis, pour laisser place à un comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires placé auprès du ministre de la Santé et du ministre de la Recherche, souligne l'importance de la pluridisciplinarité et de la transparence des travaux - alors que les siens ont souvent été publiés tardivement.
Le Conseil scientifique suggère qu'en parallèle soit créé à l'automne un Conseil de la science, un groupe de 12 à 15 scientifiques de haut niveau pour éclairer l'exécutif sur les avancées de la science, et ce indépendamment des crises. Et que les nouvelles générations, notamment de décideurs, soient mieux formées aux sciences.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation