ON PERDRAIT du temps en contestant la décision de la présidente de la région Poitou-Charentes. Non seulement elle ne cesse d’exprimer, en toute circonstance, la liberté de ses choix, qui relève plus du courage que de la confusion tactique, mais, depuis plus de trois ans, depuis qu’elle a battu les autres candidats socialistes avant l’élection présidentielle de 2007, ses gentils camarades lui ont fait payer de toutes les manières, son audace et la confiance inébranlable qu’elle a en elle-même. Si on ne devient président que parce que l’on a un appétit insatiable de pouvoir, Ségolène Royal est une candidate naturelle. On lui reproche maintenant d’avoir brisé le pacte qui l’aurait liée à Martine Aubry et à Dominique Strauss-Kahn. Franchement, qui croyait vraiment que, au sein de ce pacte, elle avait une part égale à chacune des deux autres ? Qui ne voyait qu’il était conçu pour l’écarter, elle, Mme Royal, à la dernière minute ?
Elle est rentrée dans le rang.
Elle a pourtant joué le jeu. Elle a refusé son siège de député pour se consacrer à sa région, dont elle a été réélue présidente avec un score de 87 %. Elle est rentrée dans le rang socialiste. Elle s’est rapprochée de Mme Aubry, ce qui n’est pas une mince affaire. Depuis longtemps, elle ne décoche plus de flèches que contre le pouvoir et contre Nicolas Sarkozy, avec une vigueur et une sévérité qui apparaissent comme le corollaire de sa discipline et de sa sagesse au sein du parti. La presse dans son ensemble a présenté comme une certitude l’accord passé entre DSK et Mme Aubry, ce qui a fait peser un soupçon sur des primaires compliquées et coûteuses qui ne seraient que le paravent démocratique destiné à cacher un « deal » conclu dans les officines de la rue de Solférino. Elle ne s’en est pas inquiétée ouvertement mais comme les autres candidats potentiels dénonçaient la procédure occulte inventée par les deux plus gros éléphants, elle a dit la chose et son contraire, qu’elle était partie prenante du pacte, lequel, selon elle, n’ôtait rien à l’intérêt des primaires. Peut-être a-t-elle senti qu’Aubry et Strauss-Kahn qui, au fond, ne l’aiment guère, forgeaient son sort à leur manière. Et que pour se dégager de leur emprise, elle s’est déclarée candidate.
À peine l’avait-elle fait qu’elle répétait le même discours. Que DSK serait le « meilleur chef de gouvernement » (est-ce que cela signifie Premier ministre sous les ordres du président Royal ?) Que les primaires seraient infiniment utiles, alors que, en réalité, elle n’éprouve qu’indifférence pour les Manuel Valls ou les Arnaud Montebourg, et qu’elle entend bien barrer la route à son ancien compagnon, François Hollande. Que DSK semble le plus qualifié des candidats potentiels et que, le moment venu, elle verra avec le directeur du FMI et la Première secrétaire, qui, parmi les prétendants, est le plus à même d’enterrer la droite. Le seul objectif qui vaille.
SÉGOLÈNE ROYAL A PEUT-ÊTRE VOULU ÉCHAPPER À L’ÉTAU DSK-AUBRY
Bien entendu, sa candidature, dix-sept mois avant l’élection, est extrêmement précoce. Pourtant, on ne peut pas exiger de DSK qu’il se prononce aujourd’hui et blâmer Ségolène Royal parce que, justement, elle le fait. Porté à ébullition, le bouillon socialiste a besoin de décanter. Il faut partir à point, n’est-ce pas ? Le problème posé par la candidature de Mme Royal ne se situe pas dans la méthode qu’elle a choisie et ne saurait nous surprendre. Il concerne ce que l’on sait d’elle et de ce que l’on a appris à son sujet depuis qu’elle a été battue en 2007. Elle a perdu de sa popularité, elle qui, au demeurant, avait écrasé ses rivaux socialistes et fait un bon score en 2007. Elle n’a pas eu la grâce indispensable de reconnaître sa défaite quand Nicolas Sarkozy a emporté l’élection. Presque tous les jours, elle l’accuse de mentir, mais ce qu’elle dit elle-même est souvent fantaisiste, par exemple quand elle a déclaré que Barack Obama avait gagné en 2008 parce qu’il avait copié ses propres méthodes, comme s’il passait son temps à chercher sur la scène politique française le puissant aliment de son inspiration. Elle peut afficher sans vergogne son mépris des « camarades » socialistes avec qui elle se fâche, jadis Éric Besson (« Qui connaît M. Besson ? »), plus récemment Vincent Peillon, lors d’un conflit sur Désirs d’avenir ou même de ses plus fidèles collaborateurs. On nous répondra que, de ce point de vue, Nicolas Sarkozy est pire, mais enfin, il ne s’est jamais pris pour Jeanne d’Arc. On s’interroge, par exemple, sur ce qu’elle aurait fait, si elle avait été présidente, lors de la débâcle financière de l’Europe. DSK offre, dans ce domaine, des garanties plus sérieuses. Il est vrai que lorsqu’un peuple élit son président, il ignore ce qu’il fera au cours de son mandat et prend nécessairement un risque. L’histoire donnera-t-elle une seconde chance à Ségolène Royal ?
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