Face aux « ravages » de la sédentarité, amplifiée par la crise sanitaire, les députés Marie Tamarelle-Verhaeghe (LREM) et Régis Juanico (Génération.s) veulent désamorcer cette « bombe à retardement sanitaire », alors que les actions sont pour l’heure « clairement insuffisantes ».
Dans un rapport présenté ce 21 juillet devant le comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques de l’Assemblée nationale, les députés avancent une série de propositions pour impulser une politique ambitieuse de promotion de l’activité physique et sportive. « Nous ne sommes pas les premiers à sonner l’alerte. Mais, avec la crise sanitaire qui a accentué le phénomène, notamment chez les enfants, nous avons une fenêtre de tir », jugeait Régis Juanico, lors d’un point presse.
Le rapport dresse en effet un constat alarmant : 54 % des hommes et 44 % des femmes de 18 à 74 ans sont désormais « en situation de surpoids ou obèses » et, en 50 ans, les jeunes de 9 à 16 ans ont perdu 25 % de leur capacité physique. Le temps passé devant les écrans est également dans le viseur des auteurs du rapport : près de la moitié des 11-17 ans présentent « un risque sanitaire très élevé » avec plus de 4 h 30 devant un écran et/ou moins de 20 minutes d’activité par jour.
Créer un ministère délégué en charge de la prévention en santé publique
Afin d’encourager une « prise de conscience », voire un « changement culturel », les deux députés souhaitent que l’activité physique et sportive devienne une « grande cause nationale » dès 2022 et, dans la perspective des Jeux olympiques de Paris, « une priorité de santé publique », avec notamment l’instauration d’un mois de sensibilisation en septembre.
Surtout, les parlementaires recommandent la création d’un ministère délégué en charge de la prévention en santé publique. Constatant un « défaut de gouvernance », ils appellent à l’instauration d’un véritable pilotage politique de ces enjeux « pour coordonner une approche transversale », plaide Marie Tamarelle-Verhaeghe, alors que « personne ne veille actuellement dans les ministères à l'application des mesures ».
L’école apparaît par ailleurs, aux yeux des députés, comme un levier essentiel pour la promotion de l’activité physique et sportive, avec l’idée de « déclencher des réflexes dès le plus jeune âge », précise Régis Juanico. Sa collègue invite à un « changement de regard » du monde éducatif : « bouger est un besoin fondamental au même titre que manger ou dormir », estime-t-elle.
Les parlementaires préconisent ainsi de valoriser l’éducation physique et sportive (EPS) dans les parcours scolaires, de former les enseignants et de désigner un référent « sport » dans les écoles. L’expérimentation des 30 minutes d’activité physique par jour dans les établissements doit être généralisée, selon eux, de même que le bâti scolaire doit bénéficier d’un grand programme d’aménagement pour intégrer les pratiques sportives dans la vie des établissements.
Développer le sport sur ordonnance
Le monde médical doit aussi être mobilisé, selon les élus qui déplorent que le sport soit peu présent sur les ordonnances. « Les médecins doivent connaître les référentiels établis par la Haute Autorité de santé et en faire usage dans leur pratique », estiment les députés, qui souhaitent renforcer leur formation en termes de bienfaits de l’activité physique et conforter la prescription d’activité physique adaptée (APA).
Les parlementaires préconisent de rendre l’APA plus accessible en « instaurant une prise en charge, par l’Assurance maladie, de la consultation médicale comportant le bilan médico-sportif et motivationnel préalable ». Les Maisons Sport-Santé (MSS) pourraient également devenir le « guichet unique d’accueil » pour les patients avec une prescription d’APA. Le financement de ces structures pourrait être soutenu par l’attribution d’une part des taxes sur les paris sportifs.
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