LES ANECDOTES, jugements, éclairages, révélations ou confirmations ne manquent donc pas d’être livrés au fil des jours. Il y en a infiniment plus que cette modeste chronique peut en contenir. On se concentrera sur le point de vue exprimé par les diplomates américains au sujet de Nicolas Sarkozy. Dès 2005, il aurait annoncé à l’ambassadeur des États-Unis à Paris qu’il serait candidat à l’élection présidentielle de 2007. Très tôt, il se serait montré très pro-américain et très pro-israélien. Il aurait même envisagé d’envoyer des troupes françaises en Irak. Tout cela indique ce que nous avons su par la suite : que, avant même son élection, il se rendait à New York et à Washington pour célébrer l’amitié franco-américaine sans guère se soucier de la nature très particulière du président George W. Bush, lequel a toujours inspiré les plus sérieuses réserves au Quai d’Orsay et, bien entendu à l’Élysée. D’où, en 2003, la charge « historique » de Dominique de Villepin à l’ONU contre la décision de M. Bush d’envahir l’Irak.
Question de style.
Il apparaît que M. Sarkozy, de son côté, n’approuvait pas l’attitude quelque peu provocatrice de la France. Comme beaucoup de nos concitoyens, il se refuse à négliger les liens créés entre les États-Unis et la France par le débarquement en Normandie en juin 1944 et la libération de notre pays. Comme on continue à célébrer aujourd’hui le courage de Jacques Chirac à propos de l’invasion de l’Irak, il n’est sans doute pas inutile de rappeler que la politique erronée et dangereuse de M. Bush ne suffisait pas à effacer une amitié vieille de 65 ans.
Ce point particulier des relations franco-américaines montre aussi que ce qui sépare MM. Sarkozy et Villepin, ce n’est pas seulement l’affaire Clearstream, c’est la révision du gaullisme à laquelle le président actuel s’est attelé, pas toujours, d’ailleurs, à son avantage. Grâce à lui, par exemple, la France a réintégré le commandement de l’OTAN. Cela devrait logiquement embarrasser le nouveau ministre de la Défense, Alain Juppé. Il n’empêche que le pro-américain enthousiaste de 2005 a déchanté. M. Sarkozy n’a pas trouvé en Barack Obama un partenaire disposé à faire de la France son premier allié. Le président américain cache à peine qu’il est déçu par Une Europe souffrante et désorganisée, qui compte plus de centres de décisions que de décisions. Le style personnel de M. Sarkozy ne convient guère à cet homme dont le principal souci est d’exprimer en permanence la dignité de la fonction présidentielle, domaine où M. Sarkozy n’a guère excellé. Avant de lire les télégrammes de 2005 et d’y trouver des explications sur la suite, il valait mieux se pencher sur les réflexions souvent désagréables que M. Sarkozy a faites plus récemment au sujet de Barack Obama. De la même manière, Sarkozy le pro-israélien par conviction et par sympathie pour le peuple juif a été déçu par Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, incapable de geler la colonisation et d’ouvrir des négociations décisives avec les Palestiniens. Pro-israélien, M. Sarkozy n’en disconvient pas. Mais il a toujours insisté sur la nécessité de donner une patrie aux Palestiniens. Là encore, il est déçu de l’échec relatif à la création de l’Union pour la Méditerranée et surtout de n’avoir pu associer son nom à un accord israélo-palestinien.
ENTRE SARKOZY ET VILLEPIN, LE DIFFÉREND EST AUSSI IDÉOLOGIQUE
Là où les informations révélées par « WikiLeaks » sont peut-être plus intéressantes, c’est la peur et la haine que le régime de Téhéran inspire aux Saoudiens, promoteurs d’une paix Israël-Palestine reposant sur le retour d’Israël sur les lignes de 1967. Le monde refuse d’envisager une attaque contre l’Iran pour le priver de sa capacité nucléaire. Pas les pays arabes, comme l’Arabie Saoudite, l’Égypte ou la Jordanie qui craignent que l’Iran n’étende la domination chiite au monde arabe, sunnite en majorité. Le gouvernement israélien est conscient de la dimension du problème pour les pays arabes. S’ils souhaitent une offensive contre l’Iran, cela signifie que le règlement de la question palestinienne devient secondaire à leurs yeux. Ce qui expliquerait en partie l’intransigeance actuelle des dirigeants israéliens : ils ne craignent pas, pour le moment, un accroissement de la tension entre Israël et ses voisins.
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