À l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, ce 1er décembre, le gouvernement dévoile une deuxième feuille de route santé sexuelle 2021-2024, qui met l'accent sur la prévention et le dépistage. Élaborées par un comité de pilotage de 41 membres, sous la présidence du Pr François Dabis, 30 « actions prioritaires » prennent le relais de la précédente feuille de route lancée en 2018. Un des objectifs majeurs fixés dans la stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030 est l'éradication de l'épidémie de VIH/sida à l'horizon 2030.
Dépistage dans les labos ou par autotests, parcours prévention…
Alors que la crise liée au Covid-19 a freiné brutalement l'activité de dépistage du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST), cette nouvelle feuille de route entend diversifier l'accès au dépistage et aux outils de prévention. « L'on a observé un arrêt brutal de la demande du public et des services offerts en 2020. La remontée de la pente est plus difficile que ce à quoi nous nous attendions », observe-t-on au ministère.
La feuille de route acte la généralisation du dispositif « Au labo sans ordo » qui permet de réaliser un test VIH dans les laboratoires de biologie de ville, sans avoir d'ordonnance, et en toute gratuité. Expérimentée à Paris et dans les Alpes-Maritimes, cette nouvelle offre a contribué à une augmentation nette du dépistage en laboratoire dans les deux départements (+16,8 % dans le premier, +3,7 % dans le second). Inscrite dans le PLFSS de 2022, elle doit se déployer sur tout le territoire et s'élargir au dépistage des IST en 2023. En outre, les acteurs pouvant distribuer des autotests VIH devraient être multipliés, tandis qu'en parallèle, devrait être créée une plateforme numérique de commande de kits d’autoprélèvement pour dépister des IST (Chlamydia trachomatis, gonocoque).
Pour développer la primo-prescription de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) par les généralistes - autorisée depuis le 1er juin -, un appel à projet sera ouvert (dans le cadre de l'article 51) pour expérimenter un parcours « prévention longue durée ». Celui-ci devrait notamment permettre une prise en charge à 100 % de tous les examens et des dépistages des autres IST.
Un autre objectif est l'amélioration du traitement post-exposition en multipliant les acteurs capables de délivrer un kit d'urgence, au-delà des seuls services d'urgence, de maladies infectieuses, ou des Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD). À ce sujet, la feuille de route veut promouvoir le développement de la téléconsultation dans ces CeGIDD à partir de 2023 pour renforcer leur accessibilité.
Gratuité élargie de la contraception
En matière de contraception, au-delà de l'extension de sa gratuité jusqu'à 25 ans, déjà annoncée en juin et effective en 2022, le gouvernement prévoit d'étendre la prise en charge à 100 % par l'Assurance-maladie du préservatif et d'élargir les conditions de gratuité pour la pilule du lendemain aux majeurs, au-delà des seuls plannings ou CeGIDD. Il reprend à son compte la préconisation de la Haute Autorité de santé (HAS) de prescrire à l'avance cette contraception d'urgence au cas par cas. Il annonce saisir dès 2022 la HAS sur le sujet des méthodes de contraception masculine, « afin que la charge ne repose pas uniquement sur les femmes », et commander une étude sur les freins à la contraception définitive.
Alors que les députés viennent de voter l'allongement de deux semaines de l'accès à l'IVG et la possibilité pour les sages-femmes de réaliser des IVG instrumentales jusqu'à 14 semaines (dispositions qui néanmoins pourraient ne pas entrer en application sous cette législature), les mesures de la feuille de route relatives à l'IVG semblent bien en deçà. Elles consistent à soutenir l'activité d'IVG instrumentale dans les centres de santé, expérimenter l’ouverture aux sages-femmes de la réalisation d’IVG instrumentales (déjà prévue dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2021), étoffer le site ivg.gouv pour rendre l'offre plus lisible, ou encore mieux organiser les parcours des femmes sollicitant une IVG tardive (à partir de 10 semaines de grossesse).
La feuille de route inclut plusieurs mesures à destination de publics particuliers. Est ainsi inscrite comme priorité l'amélioration de l'éducation à la sexualité des personnes en situation de handicap en établissement, de la prise en charge des migrants primo-arrivants, des parcours de transition des personnes transgenres, ou encore des actions de réduction des risques des « personnes en situation de prostitution » ou des chemsexers. « Chaque action a été travaillée avec chaque territoire d’outre-mer », précise le ministère.
Enfin, plusieurs actions visent à améliorer la connaissance de la santé sexuelle, à l'école, auprès des étudiants, mais aussi des publics les plus vulnérables. « Les jeunes entendent peu parler du VIH, notamment à l'école. Les séances d'éducation à la sexualité sont obligatoires en théorie, mais dans la pratique leur mise en place est insuffisante », dénonce Florence Thune, directrice générale de Sidaction. Selon un sondage Ifop pour Sidaction réalisé en février 2021, 33 % des jeunes interrogés estiment être mal informés sur le VIH/sida (+22 points par rapport à 2009) et 34 % des jeunes sexuellement actifs déclarent avoir utilisé systématiquement un préservatif lors d'un rapport sexuel (-9 points par rapport à 2020).
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