20e sur 28 : c'est le rang de la France parmi les pays européens et nordiques, en termes de taux de mortinalité (enfants mort-nés à partir de 24 semaines d’aménorrhée), qui illustre à nouveau la médiocre qualité de la santé périnatale - cette fois, à travers le rapport Euro-Peristat publié ce 15 novembre.
Euro-Peristat est un projet européen coordonné par l’Inserm (l'équipe de recherche en épidémiologie obstétricale périnatale et pédiatrique - EPOPé) et mis en place depuis 2000, qui rassemble des statistiques sur la santé périnatale de 28 pays (24 membres de l’Union européenne + l’Islande, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suisse), pour la période allant de 2015 à 2019.
Au niveau européen, les taux de mortinatalité et de mortalité néonatale (décès de l’enfant dans les 28 jours suivant la naissance) ont continué à diminuer en moyenne (de 1 % par an entre 2015 et 2019), mais ces baisses sont moins prononcées que les années précédentes et certains pays ont enregistré des taux stables ou en hausse.
La France arrive ainsi en 20e position sur 28 en ce qui concerne le taux de mortinatalité avec 3,6 décès pour 1 000 naissances en 2019. Soit très au-dessus du taux médian européen, de 2,5 mort-nés pour 1 000 naissances en Europe (au sein d'une échelle allant de 1,4 à 3,7). Et sans réel progrès depuis la précédente enquête Euro-Peristat où elle était au 21e rang.
Lacunes des données sur la santé périnatale
Si la France n'a pas fourni de données quant à la mortalité néonatale et infantile (comme huit autres pays)*, une récente étude portée par les équipes de l'Inserm a mis en lumière une augmentation (de 7 %) de la mortalité infantile à partir de 2012. Un constat partagé également par Santé publique France dans un rapport publié en septembre dernier.
Quant au taux de prématurité, il s'élève en France à 6,9 %, soit le niveau médian européen, dans une fourchette allant de 5,3 % à 11,3 %, marquée par une tendance à la baisse entre 2015 et 2019 (de 1 % par an).
« Ce rapport confirme les résultats de précédents travaux menés en France qui ont soulevé des craintes quant à la mortalité des nouveau-nés. Il souligne aussi la nécessité d’améliorer notre système d’information pour obtenir des données solides permettant de soutenir les politiques publiques en faveur de la santé périnatale », commente Jennifer Zeitlin, directrice de recherche Inserm et coordinatrice du projet.
Un taux de césarienne maîtrisé
La France est mieux classée sur des indicateurs concernant la grossesse et l'accouchement. Elle est ainsi 9e sur 28 pour le taux de césariennes, maîtrisé sur la période 2015 à 2019 autour d'une césarienne pour 5 naissances en 2019 (20,9 %). À titre de comparaison, la Norvège se classe au premier rang, avec un taux de 16,4 %, et l'Écosse dernière (35,6 %), la moyenne se situant à 26 %. En revanche, le taux d’accouchements par voie basse instrumentale (forceps, spatules, ventouses) reste élevé en France, à 12,3 %.
Enfin, Euro-Peristat met en évidence l'évolution des facteurs de risque qui touche toute l'Europe. Ainsi, les taux de naissances multiples (facteur de risque pour la santé des mères avec une augmentation du risque de prééclampsie et de diabète gestationnel) ont diminué dans la plupart des pays entre 2015 et 2019 (en France, 16,1 grossesses pour 1 000 sont gémellaires, 15,8 en Europe). Mais l'âge maternel à l'accouchement a continué à augmenter : en France comme en Europe, 23,1 % des accouchements en 2019 concernent des mères âgées de 35 ans et plus (et plus de 4,5 % des mères de plus de 40 ans). Des taux qui dépassent 30 % au Luxembourg, au Portugal, en Italie, et atteignent 40 % en Irlande et Espagne.
* Euro-Peristat exigeant que les pays livrent des données ne provenant que d'une unique source, la France a utilisé les statistiques hospitalières (PMSI). Or cette source n'inclut pas les indicateurs relatifs à la mortalité néonatale et la mortalité infantile, recueillis par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). D'où l'absence de données sur ce volet.
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