« La vaccination reste de mise ; pas trop tard pour une primovaccination », écrit le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) dans son dernier avis sur le Covid daté du 31 mars et mis en ligne ce jour. Un message adressé à tous à rebours de la recommandation de la Haute Autorité de santé (HAS), qui ne préconise plus la primovaccination en population générale depuis fin février.
Pour le Covars en effet, le Sars-CoV-2 « n'est pas devenu "un virus respiratoire saisonnier" comme un autre (virus grippaux, virus de la bronchiolite, etc.) ». Même si le taux d'incidence « reste relativement faible par rapport à ce qu'on a déjà connu avec Omicron » (80,4 pour 100 000 habitants) - un chiffre en augmentation fin mars -, 2 808 patients ont été admis à l'hôpital pour la semaine du 22 au 28 mars, dont 54 % hospitalisés pour Covid, « cela représente environ 200 hospitalisations par jour en France pour des formes graves de Covid ». Pour le comité, « c'est trop quand on a un test disponible et un accès à des traitements efficaces ».
Gestes barrières et vaccination toujours d'actualité
La baisse toujours assez rapide de l'immunité populationnelle à distance du dernier rappel, notamment chez les personnes âgées ou immunodéprimées, « entraîne des rebonds environ tous les trois mois », précise-t-il. C'est pourquoi, pour les plus fragiles, les gestes barrières (port du masque par la personne et l'entourage dans les lieux clos ou à forte densité de population) et les rappels restent importants, comme la HAS le préconise également. Pour les personnes à haut risque de forme grave, ainsi que pour les nourrissons de moins de six mois, un rappel printanier est recommandé ; pour ceux à risque de forme grave, un rappel à l'automne.
Pour les professionnels de santé, alors que la HAS s'est récemment prononcée en faveur de la levée de l'obligation vaccinale et donc de la réintégration des non-vaccinés - un avis que le ministre de la Santé a dit vouloir suivre -, le Covars rappelle la nécessité d'un schéma vaccinal à jour. Le port du masque et le respect des gestes barrières doivent être « maintenus dans les secteurs de soins en présence des malades, a fortiori dans les services prenant en charge des patients immunodéprimés, y compris dans les structures ambulatoires (centres de dialyses, hôpitaux de jour, consultations, etc.) », est-il écrit.
Informer les plus fragiles sur les traitements
Le Covars appelle les soignants à informer leurs patients vulnérables sur les risques encourus, mais surtout « sur les mesures qu'elles peuvent mettre en œuvre pour s'en prémunir », en particulier sur l'accès au Paxlovid (nirmatrelvir + ritonavir) dans les cinq jours de l'infection. « Il est possible de prescrire le traitement conditionnellement à un test secondairement positif dans les délais escomptés », est-il rappelé. En cas de contre-indication, le remdesivir (Veklury) est une alternative efficace. Quant au sotrovimab (Xevudy), il peut être utilisé en cas de contre-indications aux deux traitements « en fonction de son activité sur les variants circulants et lorsque les patients ne sont pas oxygénodépendants », indique le Covars, soulignant qu'il « constitue à ce jour la meilleure option thérapeutique pour les patients insuffisants rénaux sévères ».
Le Covars appelle les soignants et les autorités à mieux communiquer sur l'obésité, facteur de risque connu depuis le début de la pandémie, mais dont la proportion semble augmenter en réanimation. La prise de conscience de cette fragilité pour les personnes concernées « reste trop limitée ».
De plus, concernant la qualité de l'air intérieur, « un élément fondamental », « l'épidémie aurait pu être un levier pour améliorer globalement la situation. Il n'est pas trop tard », rappelant ses recommandations d'octobre sur les capteurs de CO2.
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