Société d’histoire de la médecine

Promenade dans le patrimoine alsacien

Publié le 22/06/2011
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DE NOTRE CORRESPONDANT

PRÉPARÉ par le Dr Jean-Marie Le Minor, l’un des meilleurs connaisseurs de l’histoire médicale de la région, le programme a fait alterner histoire générale et histoire médicale, conformément à la philosophie défendue par la SFHM : « Notre société réunit des médecins et des non-médecins, avec une grande ouverture sur les régions », souligne le Dr Jean-Jacques Ferrandis, médecin des Armées à la retraite, conservateur honoraire du musée du Val-de-Grâce et actuel président de la Société. Tout en organisant à Paris, des réunions régulières, parfois assez spécialisées, elle travaille étroitement avec les historiens locaux et entend inciter tous ses membres à « prendre de la hauteur » par rapport à leur exercice médical quotidien, l’histoire étant un excellent moyen pour cela.

« Les médecins ne sont plus du tout formés aux lettres et à l’histoire », regrette pour sa part le Dr Philippe Albou, gériatre près de Bourges et secrétaire général de la SFHM : pour lui, le fait de se confronter au passé et à l’histoire permet de réfléchir sur sa propre activité, en découvrant que les vérités d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier… et ne seront pas forcément celles de demain.

Deux cultures.

Les journées de Strasbourg ont ainsi amené les médecins à découvrir l’histoire particulièrement complexe d’une région sans cesse tiraillée entre deux cultures et deux pays, histoire qui marque aussi le patrimoine médical de la ville. Illustre centre universitaire allemand puis français, Strasbourg devient aussi, jusqu’en 1870, le siège de l’École du Service militaire de santé, qui sera transféré à Lyon quelques années après l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Allemagne. Celle-ci créé ensuite à Strasbourg une faculté de médecine particulièrement brillante. Ses imposants bâtiments construits entre 1880 et 1914 abritent encore plusieurs instituts et cliniques, même si l’avenir de certains d’entre eux, récemment désaffectés, est aujourd’hui incertain.

Entre les conférences, les promenades prévues par les organisateurs ont emmené les participants à travers ce dédale historique et architectural, sans oublier bien sûr la découverte du patrimoine gastronomique et œnologique, à l’image des grands vins « élevés » depuis des siècles dans la cave historique de l’hôpital. « Un médecin nous disait récemment que l’histoire de la médecine, en nous donnant du recul, est aussi un très bon moyen de lutter contre le burnout », soulignait le Dr Albou. Ajoutons que des sorties comme celle-ci contribuent aussi, largement, à restaurer un esprit de culture et de convivialité qui fait parfois bien défaut à la médecine contemporaine.

DENIS DURAND DE BOUSINGEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8987