Un contact protecteur
En Europe, la cohorte PASTURE (Protection against Allergy, STUdy of Rural Environment) a permis d’identifier plusieurs facteurs de protection de l’asthme : le contact avec les bovins, le foin et la paille avant la naissance et au cours de la première année de vie, la consommation de produits laitiers non stériles, la diversification alimentaire précoce ainsi que l’exposition aux poussières et aux micro-organismes (mesurés dans le matelas de l’enfant).
L'hypothèse hygiéniste, incriminant le manque de stimulation du système immunitaire par des agents infectieux au cours des premières années de la vie a évolué vers le concept d'immunomodulation par contact avec des agents microbiens non pathogènes, dans laquelle le microbiote intestinal jouerait un rôle clé.
Les travaux ont montré que ce n'est pas tant la quantité d'agents microbiens de l'environnement qui aurait un impact positif, mais plutôt leur diversité. Longtemps peu connu, du fait de l'impossibilité de mise en culture de la majorité des bactéries le composant, le microbiote intestinal a pu être plus amplement exploré depuis la révolution métagénomique.
Il a deux fonctions principales : la dégradation des aliments qui ne peuvent être digérés, ce qui conduit à la production d'énergie utilisée par l'organisme, et le développement des systèmes de reconnaissance du système immunitaire.
Le microbiote intestinal est en effet en première ligne lors des interactions entre l'hôte et les agents microbiens ou non de l'environnement, notamment les allergènes et il est impliqué dans la réponse inflammatoire et la régulation de la réponse immune par les cellules T.
L'influence de l'environnement sur le microbiote
Les recherches menées ces dernières années suggèrent que l'environnement pré et postnatal immédiat aurait un impact majeur sur la composition du microbiote intestinal et par là même sur ses rôles physiologiques ultérieurs. Des études ont ainsi mis en évidence la relation existant entre le risque de développer une allergie et le mode d'accouchement ou l'exposition précoce à des antibiotiques, durant la grossesse ou au cours des premiers mois de la vie. La composition du microbiote évolue ensuite sous l'influence de nombreux facteurs, dont les germes de l'environnement mais aussi des aliments. L'étude PASTURE a notamment souligné le rôle protecteur de la consommation de lait cru et de la diversification alimentaire sur le risque de dermatite atopique.
Les études expérimentales suggèrent fortement que les effets des bactéries intestinales sur la maturation du système immunitaire varient selon les différentes souches. Ceci a conduit à explorer la piste de la prévention des maladies allergiques par une modification du microbiote intestinal. Le recours à des probiotiques, au cours de la grossesse ou lors de la première année de la vie, est l'une des voies de recherche. Selon les résultats de plus d'une quarantaine d'essais cliniques, les probiotiques (lactobacilles ou associations lactobacilles-bifidobactéries), n'ont pas d'effet préventif significatif sur les allergies respiratoires, mais ils ont un impact bénéfique sur le risque de dermatite atopique. L'utilisation de prébiotiques a elle aussi été évaluée, avec des résultats discordants.
Une autre voie est celle de la pilule rurale ou du vaccin rural. L'idée est de caractériser les substances ou les organismes présents dans les poussières des fermes et qui pourraient être utilisés pour la prévention des allergies. Plusieurs travaux expérimentaux ont été menés dans ce sens, avec des extraits de poussières d'étable, de l'arabinogalactan -un polysaccharide présent dans les poussières d'étable et diverses plantes- et des bactéries candidates. Si des résultats intéressants ont été rapportés chez la souris, leurs applications chez l'homme restent à ce jour un challenge.
D'après un entretien avec le Pr Jean-Charles Dalphin
En savoir plus : Vuitton DA et al. From farming to engineering : microbiota and allergic diseases. Engineering 2017 ; 3 (1) : 98-109
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