« Une action rapide pour faire face à la pollution atmosphérique est nécessaire d'urgence », a lancé le Dr Maria Neira, directrice du département Santé publique à l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Et de préciser que des solutions existent, « notamment des systèmes de transports plus viables, la gestion des déchets solides, l'utilisation de poêles et de combustibles propres pour les ménages ainsi que les énergies renouvelables et la réduction des émissions industrielles ».
Le Dr Neira s'appuie sur le rapport que vient de publier l'OMS à partir des données provenant de plus de 3 000 lieues, en milieu rural ou urbain, à travers le monde. Grâce à un nouveau modèle, plus fiable, élaboré en collaboration avec l'Université de Bath au Royaume-Uni, l'OMS a pu analyser les mesures prises sur les différents sites au niveau de stations au sol et de satellites, pour une résolution de grille d’environ 10 km sur 10 km.
Des cartes interactives
Les résultats sont présentés sous forme de cartes interactives qui mettent en évidence les zones qui dans chaque pays ne respectant pas les limites établies par l’OMS quant aux niveaux des particules fines PM2,5 dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns, soit une moyenne annuelle de 10 µg/m3 (microgrammes par mètre cube). La carte indique également les données pour les PM10. Les PM2.5 comprennent des polluants comme le sulfate, les nitrates et le carbone noir, qui pénètrent profondément dans les poumons et dans le système cardiovasculaire, ce qui représente un risque grave pour la santé humaine.
Selon l'OMS, 92 % de la population mondiale est exposée à une mauvaise qualité de l'air ambiant. Les niveaux de pollution de l'air ambiant sont « particulièrement élevés » en Méditerranée orientale, dans l'Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental, indique le rapport. À l'exception de la région des Amériques, toutes les autres régions du monde ont moins de 20 % de leur population vivant dans des lieux où la qualité de l'air correspond aux normes fixées par l'OMS.
Parmi les principales sources de pollution de l'air, figurent les sources de pollution de l’air, les modes de transport inefficaces, les combustibles ménagers, la combustion des déchets, les centrales électriques alimentées au charbon et les activités industrielles. L'OMS rappelle que l’activité humaine ne constitue pas la seule source de pollution de l’air et que des phénomènes comme les tempêtes de sable, en particulier dans les régions situées à proximité d’un désert, peuvent avoir une influence sur la qualité de l’air.
Le rapport fournit également quelques données sur l'impact sanitaire de la pollution. « Quelque 3 millions de décès par an sont liés à l’exposition à la pollution de l’air extérieur », souligne le rapport. L'OMS précise aussi que la pollution de l’air intérieur peut s’avérer tout aussi mortelle et que, selon les estimations, 6,5 millions de décès (soit 11,6 % des décès dans le monde) étaient associés à la pollution de l’air extérieur et à la pollution de l’air intérieur.
94 % des décès liés à la pollution de l'air extérieur
Les maladies non transmissibles, notamment les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux et le cancer du poumon, sont à l'origine de 94 % des décès liés à la pollution de l'air extérieur. Près de 90 % des décès liés à la pollution de l’air surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, et près de 2 décès sur 3 surviennent dans les régions OMS de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental.
Le Dr Neira insiste sur l'intérêt du nouveau modèle de mesure de la pollution qui constitue, selon elle, « une étape majeure ». « De plus en plus de villes surveillent désormais la pollution de l’air, les données satellites sont plus complètes et des progrès sont accomplis dans la précision des estimations sanitaires correspondantes », ajoute-t-elle. En septembre 2015, les États membres de l'ONU ont fixé parmi les objectifs de développement durable, une nouvelle cible consistant à réduire nettement d’ici à 2030 le nombre de décès et de maladies dus à la pollution de l’air. En mai 2016, l’OMS a approuvé une nouvelle « feuille de route » visant à renforcer l’action face à la pollution de l’air et à ses causes.
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