Perturbateurs endocriniens : Ségolène Royal veut que l’Europe « bouge » enfin

Publié le 22/01/2016
royal

royal
Crédit photo : S. TOUBON

« Il est évident qu’il faille réduire l’impact des substances chimiques sur les écosystèmes et la santé humaine », a déclaré jeudi la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal en ouverture du colloque international sur les perturbateurs endocriniens qui se tient jusqu’à vendredi à l’Institut Pasteur.

Après la conférence de Paris sur le climat, la ministre a insisté sur l’importance de ce rendez-vous coorganisé par l’ANSES et le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. « Qu’on prenne bien conscience des échéances nationales et internationales qui vont nous permettre d’avancer, de prendre date, d’accélérer les choses, d’intégrer les connaissances scientifiques aux décisions qui sont devant nous », a indiqué Ségolène Royal.

Des décisions politiques « qui perturbent, qui vont à l’encontre des habitudes et d’un certain nombre d’intérêts financiers », a souligné Ségolène Royal. Tandis que la France est « à l’offensive » sur la question des perturbateurs endocriniens à l’image notamment de son action autour du bisphénol A, la ministre voit d’un bon œil la décision du tribunal de Justice de l’Union européenne du 16 décembre dernier condamnant la Commission européenne pour son inaction en matière de définition et d’identification des critères pour ces perturbateurs endocriniens. 

Bureaucratie européenne

« C’est une bonne chose qu’il y ait des décisions de justice pour forcer la Commission européenne à bouger et résister aux lobbies du secteur, agroalimentaire en particulier », considère-t-elle. La ministre indique avoir écrit récemment à la présidence néerlandaise de l’Union européenne pour l’inciter à intégrer la question des perturbateurs endocriniens parmi ses priorités. « J’ai saisi officiellement les commissaires européens concernés pour que la Commission européenne bouge plus vite » sur ce sujet, a ajouté Ségolène Royal. « Il existe encore une bureaucratie européenne qui reste sur de vieux schémas et de vieux systèmes », a-t-elle pointé.

« Prise dans tout un ensemble de pressions », la Commission a encore « du mal à sortir les critères de définition du perturbateur endocrinien », acquiesce Marc Mortureux, ex-directeur général de l’ANSES devenu depuis peu directeur général en charge de la prévention des risques au ministère de l’Écologie.

Réunion REACH au ministère

Une définition absolument primordiale à l’application de la réglementation sur les produits phytosanitaires, laquelle devait en principe être arrêtée depuis 2013 et qui prévoit « l’exclusion de toutes les substances actives considérées comme perturbateurs endocriniens », a-t-il rappelé. Une définition pour le moment repoussée à l’horizon 2017. Fin février, les experts européens de l’application du règlement REACH pour l’évaluation, l’enregistrement, l’autorisation des substances chimiques seront réunis à Paris au ministère de l’Écologie. « Nous sommes dans un calendrier extrêmement opérationnel », et « les choses changent car l’information circule », estime Ségolène Royal qui a tenu à saluer à ce titre la communauté des chercheurs à la fin de son discours d’ouverture du colloque. « Vous avez un rôle absolument majeur pour protéger la santé publique, les citoyens qui ne sont pas en position de force par rapport aux grandes multinationales qui utilisent ces substances chimiques en niant l’impact sur la santé publique et les écosystèmes », a-t-elle conclu.

David Bilhaut

Source : lequotidiendumedecin.fr