Après la détection de teneurs importantes de perchlorates dans l’eau du robinet, des restrictions de consommation sont recommandées aux femmes enceintes et aux nourrissons.
C’est l’Agence régionale de santé du Nord - Pas-de-Calais qui a donné l’alerte : l’analyse de l’eau destinée à la consommation humaine effectuée courant 2012 dans toute la région fait apparaître des taux élevés d’ions perchlorates. Dans le secteur de Dunkerque et d’Arras, les taux relevés se situent entre 4 et 15 microgrammes par litre. Aux abords de Lens, Cambrai et Douai, ils dépassent les 15 microgrammes. Or si ces polluants ne sont pas classés cancérogènes ou mutagènes, et ne s’accumulent pas dans l’organisme, ils interfèrent avec le processus d’incorporation de l’iode par la thyroïde et peuvent donc induire une diminution dans la synthèse des hormones thyroïdiennes.
Pas de signal sanitaire
D’où la recommandation émise par l’ARS de restreindre la consommation d’eau du robinet pour les femmes enceintes et allaitantes, ainsi que pour les nourrissons de moins de six mois.
« Il n’y a aucun signal sanitaire à l’origine de cette décision, tient à préciser le Dr Sandrine Segovia-Kueny, responsable de la Direction santé publique et environnement à l’ARS. Nous appliquons le principe de précaution face à un nouveau polluant détecté dans l’eau du robinet. Aucun signal d’hypothyroïdie congénitale n’a été relevé ces derniers mois chez les nourrissons de la région. Mais les ions perchlorates pouvant entrer en compétition avec l’iode, nous recommandons aux femmes enceintes et nourrissons de moins de six mois d’utiliser plutôt de l’eau en bouteille. »
La cartographie établie à la demande de l’ARS fait apparaître des taux supérieurs à 4 microgrammes dans 544 communes, et supérieurs à 15 microgrammes dans 112 communes, ce qui concerne 1,3 million d’habitants.
Bombardements de la Première Guerre mondiale
L’origine de cette pollution est attribuée au passé historique de la région. Les sels de perchlorates étant particulièrement utilisés dans des applications militaires, pour la fabrication de munitions, la forte présence de ces substances serait due aux importants bombardements survenus lors de la première guerre mondiale. La cartographie de la pollution correspond en effet à la ligne de front qui se trouvait à la limite entre la plaine de Flandres et le plateau d’Artois.
Reste à savoir comment gérer cette situation. Les distributeurs d’eau ont deux solutions pour faire baisser les seuils de pollution : soit mélanger des eaux de différents captages pour diluer la pollution, soit traiter l’eau avec des résines échangeuses d’ions qui bloquent les perchlorates. Un traitement qui fera nécessairement grimper le prix de l’eau.
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