› La santé en librairie
MÊME SI leur dénombrement est par essence difficile, la France compte environ 300 000 personnes sans-abri, un chiffre qui semble avoir triplé en une dizaine d’années. Le bonheur à la rue n’existe pas : les récits de vie évoqués par Alain Mercuel sont là pour en attester. Une grande souffrance psychique caractérise tous ces naufragés, qu’il s’agisse de souffrances réactionnelles à la précarité ou de grands troubles psychiatriques avérés rapidement décompensés par la fragilisation de l’exclusion (32 % des personnes selon l’étude francilienne Samenta). S’il faut se garder de psychiatriser la misère explique le chef du SMES (Santé mentale et exclusion sociale), unité d’accès aux soins psychiatriques pour les exclus, et même si la maladie mentale ne concerne pas tous les errants, le psychiatre et les divers acteurs de ce secteur, ont un rôle important à jouer sans pour autant « être dupe de la fonction de la psychiatrie ». Et à condition d’articuler leurs interventions à des réponses médicales et sociales. D’où la nécessité d’accorder les actions d’un écheveau complexe d’aidants, finalement assez fourni dans notre pays mais peut-être trop dispersé, des médecins aux bénévoles en passant par les travailleurs sociaux et les élus.
Bouée de sauvetage.
Créer des liens entre ces acteurs pour établir une relation même ténue avec les personnes en grande précarité et leur offrir une bouée de sauvetage médical, social et éducatif (durablement gonflée si possible). La tâche n’est pas simple explique le psychiatre. D’autant moins que l’analyse de cette population « hétérogène, mouvante, soumise aux aléas internationaux ou européens » est empreinte de caricatures, de généralisations, d’amalgames ou de psychologisation simpliste. D’autant moins aussi qu’il existe des divergences sur la prise en compte de la fameuse « demande » ou du consentement aux soins (faut-il aider, voire contraindre à survivre ou prendre le risque de laisser mourir ?), particulièrement en ce qui concerne la prise en charge psychiatrique.
Autant de pièges auxquels il faut s’acharner à échapper pour aller simplement au devant de ces sujets victimes de la double peine, maladie mentale et exclusion, qui ne facilite ni la rencontre ni les soins. « Tout corps en souffrance psychique plongé dans un bain de précarité possède en soi une force opposée qui n’attend qu’un nouveau regard pour mieux s’en extirper », affirme Alain Mercuel revisitant le théorème d’Archimède.
Dr Alain Mercuel, Souffrance psychique des sans-abri, Vivre ou survivre, Éditions Odile Jacob, 215 pages, 21,90 euros.
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