L'exposition hormonale, notamment les taux d'œstrogènes, pourrait avoir un rôle dans le développement de la maladie de Parkinson chez les femmes, suggère une étude publiée dans « Brain », par une équipe de recherche de l’Inserm, de l’Université Paris-Saclay, de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, en lien avec l’Institut Gustave Roussy.
Cette étude paraît alors que les travaux sur les facteurs de risque spécifiquement féminins, notamment l'exposition aux hormones, naturelle (puberté, grossesses, ménopause) ou médicale (traitements contraceptifs, post-ménopause), sont peu nombreux et contradictoires. Ce qui n'est pas sans lien avec le fait que la maladie de Parkinson est 1,5 moins fréquente chez les femmes.
Les chercheurs du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations se sont appuyés sur les données de la cohorte E3N (Inserm, Paris-Saclay, Gustave Roussy), qui depuis 1990, suit près de 100 000 femmes. Parmi elles, ils ont identifié (sur la base des dossiers médicaux) 1 165 femmes atteintes de la maladie de Parkinson, suivies en moyenne pendant 22 ans, qu'ils ont comparé aux autres femmes. L'exposition hormonale et les données liées à la reproduction ont été renseignées par autoquestionnaires en 11 items.
Âge des menstruations, nombre de grossesses, ménopause…
La comparaison révèle un risque accru de développer la maladie neurodégénérative chez les femmes dont les règles sont apparues avant 12 ans (+21 %) et après 14 ans (+ 18 %), par rapport aux jeunes filles formées entre 12 et 13 ans. La durée et la régularité du cycle menstruel n'étaient pas significatives. « C’est la première fois qu’une telle association est montrée entre l’âge des premières règles et la maladie. Celle-ci pourrait s’expliquer notamment par une interférence – à cette période cruciale pour le neurodéveloppement qu’est la puberté – des hormones sexuelles avec des circuits neuronaux impliqués dans le développement de la maladie de Parkinson », commente Marianne Canonico, chercheuse Inserm, co-autrice.
Le nombre de grossesses pourrait aussi favoriser le développement du Parkinson, avec un risque augmenté de 22 % au deuxième enfant et de 30 % à partir du troisième. Aucune association n'a été retrouvée avec le fait d'avoir ou non des enfants.
Rôle neuroprotecteur des œstrogènes
Autre résultat : le type de ménopause (et non le fait d'être ou pas ménopausée) semble jouer un rôle. Une ménopause artificielle serait associée à une augmentation du risque de 28 % par rapport à une ménopause naturelle, et de manière plus prononcée lorsqu’elle survient avant 45 ans (+ 39 % de risque par rapport à une ménopause survenue après 45 ans) ou lorsqu’elle est la conséquence d’une ablation des deux ovaires (+ 31 % par rapport à une ménopause naturelle). En revanche, une ménopause artificielle provoquée par retrait de l’utérus seul était associée à une augmentation du risque plus modérée. « La ménopause artificielle et/ou précoce, provoque une insuffisance ovarienne et en conséquence une chute brusque et anticipée des niveaux d’œstrogènes, normalement encore élevés avant l’âge de 45 ans », explique la chercheuse.
Enfin, si les traitements pour améliorer la fertilité n’étaient pas associés de manière globale à un accroissement du risque de la maladie de Parkinson, pris individuellement, le clomifène – un traitement stimulant l’ovulation – augmenterait de 80 % le risque par rapport aux femmes n’ayant jamais pris de traitement pour la fertilité, ce qui s'explique par son rôle anti-œstrogène, selon la chercheuse.
Des profils plus à risque
Dans ces deux cas, une exposition à des taux insuffisants d’hormones féminines (œstrogènes) pourrait être en cause, hypothèse renforcée par l’observation d’un effet protecteur des traitements hormonaux utilisés à la ménopause, qui semblent atténuer le risque lié à la ménopause précoce ou artificielle pour la maladie de Parkinson. « Ces résultats sont cohérents avec la connaissance du rôle neuroprotecteur des œstrogènes, déjà démontré dans d’autres études », ajoute Marianne Canonico.
Un effet cumulatif était observé pour les critères de risque identifiés. Ainsi, les femmes ayant cumulé une puberté précoce ou tardive, plusieurs grossesses et une ménopause artificielle et précoce étaient les plus à risque de développer la maladie. En revanche, l’allaitement, l’utilisation de contraceptifs oraux ou encore la durée de la vie reproductive ne présentaient pas d’association avec la survenue de la maladie de Parkinson.
Si ces résultats doivent être confortés par des études au long cours, ils pourraient à terme permettre d'identifier des groupes à risque au sein desquels des stratégies de prévention pourraient être proposées précocement.
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