2010, ANNÉE de la dernière chance, estiment les quatre associations qui lancent la campagne « Non-assistance à mère en danger » (Oxfam France, Médecins du monde, Action for Global Health et Avocats pour la santé dans le monde). C’est en effet en septembre prochain que l’ensemble des chefs d’État sont convoqués à New York par l’ONU, pour évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement. Or, à ce jour, dénoncent les associations, les deux objectifs relatifs à la santé maternelle et infantile accusent un grave retard. Si la part réservée à la santé dans l’APD en général a doublé entre 2000 et 2006, pour atteindre 16,7 milliards de dollars, on reste loin des 27 milliards qui avaient été recommandés par l’OMS. La France elle-même est à la traîne, selon l’OCDE, elle ne consacrerait que 0,46 % de son RNB (revenu national brut) à l’APD, alors que l’Union européenne s’était engagée à une part d’au moins 0,51 %.
Dans les pays du Sud eux-mêmes, la priorité n’est toujours pas donnée à la santé, seuls cinq pays d’Afrique respectent leur promesse d’y consacrer 15 % de leurs dépenses publiques.
Dans ce contexte de pénurie de moyens, ce sont 500 000 femmes enceintes qui perdraient la vie chaque année dans le monde, faute d’avoir accès aux soins appropriés. Chaque minute, ont calculé les associations, une femme meurt à cause de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement, 99 % d’entre elles vivant dans un pays en développement. Les régions les plus affectées sont l’Afrique subsaharienne, qui représente la moitié des décès et l’Asie du Sud, pour un tiers des victimes. La pénurie en personnels de santé est variable : au Niger, un des pays qui enregistrent le plus fort taux de mortalité maternelle, on dénombre une sage-femme pour 33 500 habitants, contre une pour 1 800 au Sri Lanka.
La question du coût des soins reste cruciale : au Burkina Faso, une césarienne en urgence représente une fois et demie le revenu annuel moyen d’une famille. Partout, les médicaments sont trop chers. Si les accords de Doha, signés en 2001, ont permis aux pays en développement de s’approvisionner en génériques à des prix accessibles, toutes les barrières commerciales et juridiques ne sont pas tombées. Les mécanismes de financement innovants ont progressé, avec la taxe de solidarité sur les billets d’avion, lancée en 2006, qui garantit un flux continu de moyens pour lutter contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Mais l’effort doit être poursuivi et accéléré, avec l’instauration rapide, demandent les signataires, d’une taxe européenne sur les transactions financières qui serait affectée au renforcement des systèmes de santé au Sud.
C’est pour presser les gouvernements à augmenter leurs aides que les associations veulent mobiliser l’opinion publique. Une pétition vient d’être mise en ligne, qui sera adressée en septembre au président de la République et au ministre des Affaires étrangères.
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