Moderna veut accélérer la recherche sur une quinzaine de vaccins à l'aide de la technique ARNm

Publié le 08/03/2022

Crédit photo : AFP

La biotech américaine Moderna, à l'origine d'un des vaccins à ARNm contre le Covid-19, annonce s'engager dans le développement des vaccins contre 15 virus et bactéries émergents ou négligés identifiés comme les plus grands risques de santé publique par l'Organisation mondiale de la santé et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (Cepi). L'objectif est de limiter les risques d'une nouvelle pandémie.

Dans le détail, Moderna, qui travaille par ailleurs à des vaccins contre le VIH et le Zika, souhaite faire progresser d'ici à 2025 le développement de candidats ciblant notamment le virus du chikungunya, la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, la dengue, Ebola, le paludisme, ou encore la tuberculose, la fièvre de Lassa, et le Mers-CoV. Pour rappel, la Cepi avait de son côté annoncé l'an dernier un projet de 3,5 milliards de dollars pour accélérer le développement de nouveaux vaccins.

Bibliothèque de vaccins

Il ne s'agit pas de mener pour chacun les recherches jusqu'à la commercialisation du vaccin, a précisé le directeur général Stéphane Bancel lors d'un entretien à l'AFP. En réalité, la société veut pousser le développement de ces vaccins potentiels jusqu'aux premiers essais cliniques de phase 1 chez l'homme - qui donne notamment des données sur la dose nécessaire pour qu'un vaccin soit efficace.

L'objectif est d'établir une sorte de bibliothèque de vaccins, qui, en cas d'émergence d'une pandémie de l'un ou l'autre de ces agents pathogènes, seront prêts à être dégainés et à entrer en phase 3, la toute dernière étape avant leur mise sur le marché. À la clef, plusieurs mois de temps gagné : « Cela permet d'aller plus vite », précise Stéphane Bancel.

Coopération entre public et privé

Moderna compte sur la coopération entre laboratoires publics et privés via le programme « mRNA Access », qui permet aux chercheurs du monde entier d'utiliser sa plateforme technologique d'ARN messager, pour poursuivre leurs recherches dans leurs propres laboratoires sur les maladies infectieuses émergentes.

« On aimerait le faire avec les meilleurs experts du monde, indique le dirigeant. Il s'agit d'un outil internet qui permet à n'importe quel scientifique partenaire avec Moderna de "designer" n'importe quel vaccin depuis son laboratoire ». Si les partenariats sont surtout tournés vers la recherche publique, Moderna se dit ouvert à des collaborations avec des laboratoires privés.

Au cas où aucun partenaire ne se manifesterait, Moderna s'engage à mener seul les recherches . « Ces virus sont connus depuis longtemps », explique Stéphane Bancel. Désormais, « on a une plateforme, on a des ressources financières, ce n'est pas pour les garder à la banque mais pour les investir », poursuit-il, plaidant pour une « responsabilité » du secteur pharmaceutique. Une réponse aux critiques de certaines ONG qui plaident pour une plus juste répartition des doses du vaccin en faveur des pays pauvres ainsi que pour la levée des brevets, alors que la biotech a engrangé plus de 18 milliards de dollars l'an dernier grâce au vaccin Spikevax. 

C.G. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr