Anders Behring Breivik risque, s’il est jugé responsable jusqu’à 21 ans de prison, la peine maximale prévue par la loi norvégienne pour « actes de terrorisme », une peine de sûreté qui peut être prolongée indéfiniment par tranches de cinq ans si le détenu est considéré comme dangereux. En cas d’irresponsabilité, ce sera l’internement psychiatrique. Une première expertise psychiatrique avait conclu que l’auteur de la tuerie souffrait de « schizophrénie paranoïde », un diagnostic qui avait suscité un vif émoi dans le pays et avait conduit le tribunal à demander un nouvel avis. Breivik lui-même a estimé, dans une lettre adressée à la presse que cette évaluation constituait pour lui « l’humiliation ultime » et qu’il allait tout faire pour être reconnu sain d’esprit.
Aux deux premiers psychiatres, l’accusé avait en effet expliqué que son geste était « seulement une formalité » destinée à attirer l’attention sur son « manifeste », un brûlot islamophobe de 1 500 pages publié quelques jours avant ses deux attaques du 22 juillet 2011.
La contre-expertise publiée six jours avant le début du procès s’appuie sur 11 entretiens avec l’accusé, trois semaines d’observation permanente et les procès-verbaux des auditions effectuées par la police. Anders Breivik « n’était pas psychotique au moment des faits », expliquent Agnar Aspaas et Terje Toerrisen, les deux psychiatres, qui estiment « qu’il y a un risque élevé de récidive ».
Sain d’esprit ou psychotique
Breivik s’est dit, par la voix de son avocat, « content » de ces nouvelles conclusions. Toutefois le parquet s’est refusé pour l’heure à « spéculer » sur ce que sera sa position finale. Sain d’esprit ou psychotique ? « Cette question va certainement teinter une grande partie du procès », a déclaré Svein Holden, un des deux procureurs chargés de l’affaire, sur TV2 Nyhetskanalen. « Si les conditions sont réunies pour condamner Breivik à la prison, nous le requerrons, mais si (...) nous estimons que ces conditions ne sont pas réunies, nous requerrons son internement psychiatrique », a-t-il précisé.
Le 22 juillet 2011, Breivik avait d’abord tué 8 personnes en faisant exploser une bombe au pied de la tour qui abrite le siège du Premier ministre travailliste, absent à ce moment-là. Puis, déguisé en policier, il avait froidement tiré pendant plus d’une heure sur des membres de la Jeunesse travailliste réunis en camp d’été sur l’île d’Utoeya, près d’Oslo. La fusillade avait fait 69 autres victimes, essentiellement des adolescents.
Aujourd’hui âgé de 33 ans, l’extrémiste a qualifié son geste d’« atroce mais nécessaire ». Disant avoir agi seul, il a invoqué « l’autodéfense » et parlé d’une « attaque préventive contre des traîtres à la patrie » coupables, selon lui, de vouloir désintégrer la société norvégienne en l’ouvrant au multiculturalisme et en permettant « l’invasion musulmane » en Europe. Son avocat Geir Lippestad a indiqué que Breivik allait lors du procès, « non seulement défendre (son geste, ndlr) mais aussi déplorer (...) de ne pas être allé plus loin ». Au premier jour de son procès, l’accusé a plaidé non coupable. Demain, il devrait commencer à s’expliquer sur son geste.
Le verdict est attendu en juillet. Quelque 800 journalistes se sont accrédités pour suivre la procédure qui devrait durer dix semaines dans des conditions de sécurité exceptionnelles. Plus de 770 survivants et proches des victimes vont être représentées par 162 avocats et près de 150 personnes vont être appelées à témoigner.
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