Dans notre sondage exclusif, les médecins libéraux avaient placé Emmanuel Macron dans le duo gagnant du premier tour, juste derrière François Fillon (respectivement 35 et 36 % des voix). Les Français viennent de hisser le candidat d'En Marche ! sur la première marche du podium en lui accordant plus de 23 % des suffrages mais ils ont éliminé le champion de la droite républicaine au profit de Marine Le Pen !
En médecine de ville, les choix de l'ancien ministre de l'Économie de François Hollande sont classiques : doubler le nombre de maisons de santé en cinq ans et miser fortement sur la prévention, y compris en adaptant en ce sens la rémunération des praticiens. « Il vaut mieux investir un euro aujourd'hui dans le préventif que cinq euros dans le curatif », résumait dans nos colonnes le trentenaire dont les deux parents sont médecins... Habile, l'ancien banquier d'affaires veut rendre le tiers payant « généralisable », une façon de ne pas braquer la profession sur ce sujet sensible sans renoncer au principe. Avec lui, le secteur II sera maintenu, nous a-t-il assuré. Côté démographie, l'énarque souhaite créer un service sanitaire de trois mois pour 40 000 étudiants en santé dans les écoles et les entreprises pour y faire du dépistage, doper le numerus clausus et déverrouiller la télémédecine.
À l'hôpital, l'ex-inspecteur des Finances (qui a reçu dès ce dimanche soir le soutien de François Fillon, Alain Juppé et Xavier Bertrand) se veut prudent tout en affichant sa détermination. Il engagera une « large concertation » dès le début de son quinquennat avant d'engager une réforme « en profondeur » (gouvernance, organisation, tarification). Il promet davantage d'autonomie, de maintenir les effectifs, d'accélérer le déploiement des GHT et de réduire la part de T2A.
Supprimer le RSI
Mais c'est peut-être au chapitre financier que le natif d'Amiens est le plus offensif. Il promet à la fois d'économiser 15 milliards d'euros sur l'assurance-maladie (sur cinq ans) et d'investir cinq milliards d'euros en priorité pour moderniser l'hôpital, soutenir les innovations en ville et rattraper le retard français en matière de systèmes d'information. Il devrait s'engager sur un ONDAM pluriannuel de 2,3 % par an. Emmanuel Macron vise une prise en charge à 100 % d'ici à 2022 pour les lunettes et les prothèses dentaires et audio « sans augmenter le prix des mutuelles » (en favorisant la concurrence). Il n'est pas favorable aux réseaux de soins incluant les médecins. Il mettra fin au RSI dans sa forme actuelle. Côté recettes, il entend supprimer les cotisations maladie et chômage payées par le salarié en compensant par une hausse de CSG.
Le Dr Olivier Véran, futur ministre de la Santé ?
Dans l'équipe santé de Macron, c'est l'ex-député socialiste Olivier Véran, neurologue au CHU de Grenoble, qui s'est imposé comme l'expert le plus influent (parmi une centaine de membres). L'ancien porte-parole des internes, qui fut aussi rapporteur de la loi Touraine, sera un des principaux favoris pour le poste de ministre de la Santé en cas de victoire d'Emmanuel Macron. Dans son équipe santé, on trouve aussi l'immunologue Jean-Louis Touraine, l'ex-patron de la FHF Claude Evin, le Pr Jérôme Salomon, le chirurgien viscéral Patrick Pessaux ou le sénateur et médecin généraliste Michel Amiel.
Emmanuel Macron avait dû affronter une vive polémique sur la santé après la démission en mars de son équipe de campagne du Pr Jean-Jacques Mourad, cardiologue à l'hôpital Avicenne (Bobigny), à la suite de révélation de liens avec Servier. Depuis, il s'est engagé à accroître la transparence pour lutter contre les éventuels conflits d'intérêts.
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