COMME L’ONT DIT les fillonnistes, M. Copé joue son va-tout. Il est largement devancé par l’ancien Premier ministre selon les sondages. Il a jugé bon de reprendre à son compte la stratégie électorale de Nicolas Sarkozy, dont on explique qu’elle a été bonne dans la mesure ou l’ex-président, grâce à ses incursions sur le terrain du Front national, n’a pas été écrasé, mais simplement battu. Ou, inversement, qu’elle a été mauvaise parce qu’elle a simplement conduit à la défaite de la droite. Le comportement de M. Copé ne doit pas donner lieu à une indignation excessive. La racisme anti-blanc existe, c’est une réaction au racisme anti-noir ou anti-arabe. Qu’un enfant ait arraché un pain au chocolat de la bouche d’un autre enfant doit se produire souvent, mais l’audace d’un gosse ne saurait révéler l’attitude de toute une communauté. Ce qui est important, c’est que M. Copé, conscient qu’une forte partie des militants et sympathisants de l’UMP a envie de se rapprocher du Front et parfois même de voter pour lui, veut rallier autour de son nom ce groupe de sécessionnistes potentiels. Doit-il, pour autant, épouser leurs idées, au lieu de chercher à les convaincre de rester au sein de la droite classique ?
Et le centre, alors ?
Même si, à la dernière minute, des électeurs prêts à voter Marine Le Pen, ont préféré M. Sarkozy en juin dernier, une stratégie fondée sur la cooptation des lepénistes est vouée à l’échec. Pour au moins deux raisons essentielles : la première est que Marine Le Pen est décidée à faire du Front national le premier parti de droite, au détriment de l’UMP, ce qui serait, bien entendu, une catastrophe pour la démocratie française. Non seulement le Front nourrit des projets contraires à l’épanouissement des libertés, mais il ne les mettra en vigueur qu’en créant des clivages qui déchireront le tissu social et ruineront le pays (on pense en particulier à une sortie de l’euro). À courir après son électorat, c’est-à-dire après ceux de nos concitoyens qui refusent de percevoir la mésaventure historique à laquelle nous conduirait un triomphe du Front, l’UMP prendrait le risque de prendre des engagements qui seraient aussi dangereux que ceux du FN.
UNE STRATÉGIE DE CONCURRENCE AVEC LE FN LUI DONNERAIT LA VICTOIRE
La seconde raison, c’est que le centre, aussi vaporeux qu’il soit, existe et que la vocation de l’UMP, comme le souhaitent beaucoup de ses dirigeants, consiste à former entre la droite classique et les centristes de tout bord un large mouvement capable de diriger le pays. Une dérive de l’UMP vers l’extrême droite la priverait durablement de tout appoint centriste. Elle aurait pour résultat de rejeter vers la gauche les Borloo, Morin, Bayrou et même les Raffarin. Il est donc à la fois dangereux, condamnable et probablement suicidaire pour l’UMP d’aller cultiver les terres du FN.
M. Copé a donc pris, par des propos qui seraient passés inaperçus s’ils ne s’inscrivaient dans le combat de titans opposant l’UMP au FN, une décision lourde de conséquences. Pour séduire la frange ultra-conservatrice de son parti, il vient de s’aliéner le groupe humaniste sans doute plus large qui y siège. Et de donner à la campagne de François Fillon un avantage. En effet, beaucoup de militants ou de personnalités de droite hésitaient entre deux candidats qui ont chacun des lettres de créance et des qualités. La plupart des hésitants seront soulagés d’apprendre que la dérive idéologique de M. Copé leur donne l’occasion de voter Fillon sans passer pour des traîtres. Le secrétaire général vient de leur donner quitus, avant l’heure, d’une d’un lâchage qu’il n’ont pas encore décidé. Si M. Fillon l’emporte, il devra se consacrer sans perdre de temps au casse-tête que représente le Front, dont personne ne doit minimiser les moyens ou les intentions. Non sans un peu de cynisme, la gauche observe avec délectation cette bataille entre les deux droites qui peut, à chaque échéance électorale, faire du PS le vainqueur par défaut. Le rassemblement de la droite autour d’idées claires sur le redressement économique et social, sur l’immigration et sur la sécurité, représente l’enjeu majeur des années qui viennent.
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