Logo nutritionnel : le collège de la médecine générale rue dans les brancards et soutient le 5C

Par
Publié le 26/10/2016
logos

logos
Crédit photo : S. TOUBON

C'est au tour du Collège de la médecine générale (CMG) de planter ses banderilles dans le dos de l'expérimentation menée par le Fonds français pour l'alimentation et la santé (FFAS) afin de déterminer le logo nutritionnel a exprimé son soutien en faveur du logo 5C/Nutri-Score destiné à informer le consommateur de la qualité nutritionnelle des aliments, et a fustigé la décision du gouvernement d'ajourner l’application de l’avis du Haut Conseil de santé publique (HCSP) qui préconise l'application immédiate de ce nouveau mode d'étiquetage.

Démissions en cascade

« L’avis du HCSP a suscité une réaction immédiate de l’industrie agro-alimentaire et des grandes enseignes de la distribution, auprès de nombreux ministères, dont ceux de l’Agriculture et de la Santé. Ils ont obtenu immédiatement gain de cause auprès du ministre de l’Agriculture, rappelle le CMG. Ainsi le système 5C/Nutri-Score est repoussé sous prétexte d’une expérimentation "grandeur nature" à la méthode discutable. »

Depuis le début de l'élaboration de cette expérimentation, le comité scientifique dirigé par Noël Renaudin (ancien président du Comité économique des produits de santé) a perdu plusieurs de ses membres : Karine Gallopel-Morvan, professeure à l’École des hautes études en santé publique (Rennes), le Pr Philippe Ravaud de l’équipe de recherche INSERM « Méthodes de l’évaluation thérapeutique des maladies chroniques » (METHODS), et Denis Hémon du Centre de recherche épidémiologie et statistiques de Paris-Sorbonne. Trois autres membres ont démissionné en juillet, tandis que le directeur général de l'INSERM, le Pr Yves Lévy, a pour sa part démissionné du comité de pilotage de l'étude.

2,2 millions pour entérer l'avis du HCSP

Pour le CMG, ces démissions en cascade sont le signe que « cette étude financée par les industriels [...] ne répond pas aux bonnes pratiques de la recherche scientifique ». Ils pointent également le coût de l'expérimentation : « 2,2 millions d’euros, dont 1,2 million d’euros venant du ministère de la Santé et de la CNAM, pour enterrer l’avis du HCSP, au risque de la santé des citoyens. »

Le CMG demande que le logo nutritionnel 5C/Nutri-Score soit appliqué immédiatement, ce qui serait une première approche pour améliorer la qualité des produits alimentaires proposés au grand public et notamment aux populations les plus modestes, premières victimes des produits de faible qualité nutritionnelle.

L'expérimentation coordonnée par le FFAS est l'objet d'une sévère polémique. Récemment, une étude menée par le Dr Chantal Julia, de l’équipe de Recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN, INSERM/INRA/CNAM/Université Paris 13, dirigée par le Pr Serge Hercberg) contestait sa mise en œuvre sur le terrain et s'interrogeait notamment sur « la capacité à obtenir des résultats statistiquement significatifs » à l'issue de l'expérimentation dont les résultats sont attendus fin janvier.


Source : lequotidiendumedecin.fr