Le rapport annuel de la Cour des comptes rendu public la semaine dernière revient en particulier, sur les lacunes de la vaccination en France, précisant les disparités selon les vaccins, les territoires et les populations.
La Cour s’inquiète du risque de réémergences épidémiques, et de la place que les réseaux sociaux prennent dans l’hésitation vaccinale, un phénomène « mal appréhendé par les pouvoirs publics », souligne le rapport, qui ajoute que « l’extension récemment décidée des obligations vaccinales de la petite enfance, pour nécessaire qu’elle apparaisse pour rétablir rapidement des couvertures vaccinales satisfaisantes, doit impérativement s’accompagner de la mobilisation des différents professionnels de santé, impliquer plus activement l’école et mettre l’accent sur une information et une communication aux modalités adaptées aux nouveaux médias sociaux. »
La France mal placée
Ce rapport reprend quelques chiffres sur le manque de confiance vaccinale, qui, quoique répandu partout dans le monde, touche particulièrement la France : « C’est en Europe que se trouvent 7 des 10 pays les moins confiants dans le monde, la France se situant en tête de ces pays », indique le rapport, qui signale aussi qu’une enquête effectuée par l’Observatoire sociétal du médicament en 2016 a mis en évidence que les Français font plus confiance à l’homéopathie (73 %, + 2 % par rapport à 2015) qu’aux vaccins (69 %,- 2 % par rapport à 2015).
La CC regrette un calendrier vaccinal complexe et peu lisible, la coexistence de vaccinations obligatoire et recommandées, « qui ne correspond à aucune réalité épidémiologique ». Elle pointe du doigt les réactions tardives et incomplètes du ministère de la santé, et l’engagement très faible du ministère de l’Éducation nationale.
Vaccination antigrippale obligatoire
Elle se penche aussi sur le doute vaccinal parmi les professionnels de santé, revenant sur les raisons de cette hésitation (manque de temps pour expliquer l’utilité de la vaccination au cours de la consultation, absence d’informations fiables et précises sur les vaccins, méconnaissance du statut vaccinal du patient, mais aussi incertitudes sur la sécurité de certains vaccins ou adjuvants). Elle revient en particulier sur la vaccination des professionnels de santé contre la grippe saisonnière, regrettant que l’obligation (datant de la loi de 2005) ait été suspendue en 2006.
La ministre de la Santé a répondu à ce rapport, et en particulier à l’obligation de vaccination chez les professionnels de santé et souligne qu’elle tient « à ce stade à privilégier la conviction et faire appel à la déontologie de ces professionnels en vue d’une conduite exemplaire plutôt qu’à la contrainte », comme elle le soutenait déjà auprès du « Quotidien » début janvier.
Les réactions des médecins sur notre site sur ce sujet, à part quelques-unes qui soutiennent l'idée de cette obligation vaccinale pour les soignants, sont plutôt de l'ordre de l'agacement. « De quoi se mêle la Cour des Comptes ? », s'interrogent en substance nos internautes.
La Cour souhaite aussi démultiplier les opportunités de vaccination, et estime que la constitution « d’un registre de vaccination unique doit constituer une priorité de court terme ».
Elle regrette aussi que la communication à l’égard du grand public soit restée principalement institutionnelle et estime que la Haute Autorité de santé devrait « jouer un rôle majeur dans la définition et le portage, et au premier chef sur les nouveaux supports sociaux, des messages de santé publique en matière de vaccination.
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