ON NE MESURE JAMAIS assez la violence de la nature. Le Japon a subi trois coups terribles, séisme de neuf degrés sur l’échelle de Richter, tsunami énorme et maintenant le danger le plus grave : celui que présentent les réacteurs de la centrale de Fukushima dont le refroidissement est aléatoire, où des fuites radioactives semblent s’être produites et avoir gagné la région de Tokyo et qui risque de se transfomer sinon en Tchernobyl, du moins en un accident d’une gravité insigne.
Fukushima, c’est inacceptable.
Deux écoles s’opposent : ceux qui pensent qu’il était difficile, pour les Japonais, d’imaginer un temblement de terre d’une telle puissance et un tsunami à la mesure du séisme. Ceux-là ajoutent que de telles conditions ne pourront jamais être réunies en France. Les mêmes expliquent que le risque zéro n’existe pas. L’autre école est composée d’experts partisans du principe de protection, qui soulignent ne sont pas protégées comme une inondation exceptionnelle, comme celle, récente, qui s’est produite en Charente-Maritime ni contre un acte délibéré de sabotage ou de terrorisme. Personne ne doit nier qu’il existe une peur de l’énergie atomique que les autres sources d’énergie n’inspirent pas. L’idée que le risque zéro n’existe pas met en balance les avantages d’une énergie abondante et plutôt à bon marché et ses inconvénients « acceptables ». Fukushima n’est pas Tchernobyl, mais c’est inacceptable.
La prise de risque avec les centrales du système soviétique était infiniment plus grande qu’en Europe ou aux États-Unis et on pouvait toujours se réfugier derrière l’idée que les Russes ont été victimes des insuffisances de leur technologie ou de leur nonchalance industrielle. Le Japon est une autre affaire. Le Japon est sérieux. Le Japon, c’est nous. Et on sait déjà que le nucléaire civil ne sera plus abordé de la même façon par les gouvernements des pays qui veulent en être équipés (et pourraient renoncer). Il est tout à fait remaquable que l’Allemagne ait fermé avant-hier les 13 réacteurs nucléaires qui ne lui paraissent pas en bonne forme
Au delà de la tragédie japonaise, le marché du nucléaire civil qui, à la suite de la hausse des prix du pétrole, devait rebondir, va probablement stagner.
ON NE PARLERA PLUS DU NUCLÉAIRE CIVIL DE LA MÊME FACON
La France est exportatrice de sa filière (avec de malheureux ratés, comme la centrale de Finlande qui va nous coûter cher), et elle subira certainement les conséquences négatives du séisme au Japon. Partout dans le monde va se poser la question d’énergies propres et sans risques, sachant qu’il n’y a aucune commune mesure entre la production d’un réacteur nucléaire et celle des cellules photovoltaïques ou d’une tour éolienne. On verra que, à terme, les grands pays ne feront pas mieux que d’augmenter leur consommation de carburants et cela se traduira par une ascension des cours.
Tous les coups sont permis.
Bien entendu, on s’est moins inquiété en France du calvaire subi par les Japonais que du risque nucléaire dans l’Hexagone. Le gouvernement ayant relancé la filière nucléaire, l’opposition s’en prend à une politique énergétique qu’elle n’a contestée avec autant de vigueur que parce que l’opinion française est inquiète. Il est juste que l’opposition s’oppose, mais il est juste aussi que, en dépit de la nécessaire transparence, un gouvernement s’efforce de calmer ses administrés. Les écologistes les plus durs à cuire n’hésitent pas à ouvrir des perspectives dantesques propres à épouvanter l’électeur. Il n’y a, décidément, pas de moyen misérable de faire de la politique. Tous les coups sont permis, y compris la peur, le manque de compassion pour le peuple japonais et le manque de respect pour un pays dont le moins qu’on puisse dire est qu’il subit son épreuve nationale avec une dignité qui impressionne le monde entier.
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