« IL EST TOUT À FAIT inhabituel de voir une telle cohérence entre les différentes cohortes étudiées. Cela montre, de fait, l’importance de ces résultats », lesquels peuvent être étendus à la population générale, indique Maryse Bouchard, auteur principale de l’étude réalisée par l’université de Californie (Berkeley), sous la direction de Brenda Eskenazi. Dans cette première étude, l’exposition aux pesticides, mesurée en 1999-2000 à partir de prélèvements d’urines sur des femmes enceintes, correspond à une baisse de 5,5 points du QI des enfants à l’âge de 7 ans. Sur les 329 enfants suivis, les plus exposés avant la naissance obtenaient 7 points de moins que les moins exposés.
Si le QI des enfants est largement corrélé avec les marqueurs prénataux d’exposition aux pesticides organophosphorés, il n’en est pas de même pour l’exposition postnatale. C’est l’exposition lors du développement cérébral in utero qui est dangereuse. Il faut toutefois noter que l’utilisation des pesticides organophosphorés a décliné aux États-Unis, de plus de 50 % entre 2001 et 2009, et plusieurs études suggèrent que l’exposition a par conséquent baissé, même si elle reste toujours plus importante chez les agriculteurs et les professions directement concernées.
De manière générale, les chercheurs recommandent de réduire, autant que possible, l’utilisation de ces pesticides et notamment en ce qui concerne le jardinage. Ils incitent également les consommateurs à laver fruits et légumes avant leur consommation et à préférer les aliments bio. Cependant, Brenda Eskenazi ne souhaite pas crier haro sur cette catégorie d’aliments : « Nombreux sont ceux qui ne mangent pas suffisamment de fruits et de légumes aux États-Unis, ce qui pose de sérieux problèmes de santé. Il est nécessaire de les intégrer dans son alimentation, surtout lorsqu’on est enceinte », insiste-t-elle.
Dans l’étude menée par les chercheurs du Mount Sinai Hospital auprès de 400 femmes (entre 1998 et 2002), les résultats montrent également que l’exposition prénatale aux pesticides organophosphorés a un retentissement négatif sur le raisonnement non-verbal des enfants. Selon le Dr Stephanie Engel, qui a dirigé l’étude, l’alimentation est actuellement la source d’exposition la plus générale. L’utilisation de ces pesticides a été réglementée en usage domestique. Le chlorpyriphos, un de ceux les plus utilisés pour les plantes d’intérieur, a été interdit en 2001 par l’agence américaine de protection de l’environnement.
Les chercheurs de l’université de Colombia (Mailman School of Public Health) montrent que l’exposition prénatale au chlorpyriphos (grâce à des échantillons de sang de cordon) a des conséquences sur les fonctions cognitives des enfants (new-yorkais) âgés de 7 ans. « La bonne nouvelle, c’est que depuis l’interdiction de ce pesticide, l’exposition aux organophosphorés a décliné de façon mesurable », commente Robin Whyatt, auteur de l’étude. Toutefois ce pesticide est encore utilisé en agriculture, regrette-t-il, en soulignant l’importance de continuer la surveillance des personnes exposées, et plus particulièrement s’agissant des femmes d’agriculteurs.
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