Les faits remontent au 27 décembre dernier. Naomi Musenga, une jeune femme de 22 ans se plaint de maux de ventre et appelle les pompiers avant d'être redirigée vers le SAMU. Les deux opératrices – celle des pompiers et celle du SAMU – se moquent ouvertement de la jeune femme et négligent son appel. Elle décédera quelques heures plus tard. Il aura fallu cinq heures au SAMU pour prendre en charge cette patiente, selon les informations de l'AFP. Une fois admise à l'hôpital, on lui découvre un infarctus. Elle est transférée en réanimation avant de décéder à 17 h 30. Le rapport d'autopsie auquel a eu accès le journal « Le Monde » indique que Naomi Musenga est morte des suites d'une « défaillance multiviscérale sur choc hémorragique ».
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a assuré ce mercredi dans un tweet son « entier soutien » à la famille de Naomi Musenga et demandé à l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) une enquête pour faire la lumière sur ce qu'elle qualifie de « graves dysfonctionnements ».
Je suis profondément indignée par les circonstances du décès de Naomi Musenga en décembre. Je tiens à assurer sa famille de mon entier soutien et demande une enquête de I'IGAS sur ces graves dysfonctionnements. Je m'engage à ce que sa famille obtienne toutes les informations .
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) 8 mai 2018
C'est le journal alsacien « Heb'di » qui a révélé l'affaire. Dans un article en date du 27 avril, l'hebdomadaire dévoile le contenu de l'échange téléphonique obtenu par la famille de la victime auprès du procureur de la République de Strasbourg. Dans l'enregistrement, on entend Naomi Musenga, visiblement très affaiblie, déclarer « j'ai très mal, j'ai mal au ventre ». L'opératrice du SAMU lui répond d'un ton outrancier : « si vous ne me dites pas ce qu'il se passe je raccroche », et d'insister « oui vous allez mourir certainement un jour comme tout le monde » après que la jeune femme a appelé au secours : « je vais mourir ». Finalement, l'opératrice la renvoie vers SOS Médecins qui demandera l'intervention du SAMU.
La formation des assistants de régulation en question
Dans un communiqué publié le 8 mai, SAMU-Urgences de France (SUDF) et l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) se déclarent « profondément attristés » par cet événement et ont demandé un rendez-vous à Agnès Buzyn.
Une reunion à ce sujet se tiendra dans les jours qui viennent au ministere.
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) 8 mai 2018
Le rendez-vous, prévu lundi 14 mai, sera l'occasion d'évoquer la formation des assistants de régulation médicale chère au Dr François Braun, président du SUDF. « L'un des problèmes aujourd'hui, c'est que ce métier n'est pas considéré comme une profession de santé », indique le médecin. Il appelle de ses vœux la mise en place d'une « vraie formation diplômante » en lieu et place de la courte formation d'un an aujourd'hui nécessaire à l'obtention du diplôme d'assistant de régulation.
L’Ordre des médecins a également annoncé la tenue, mardi 15 mai, d’une réunion avec SAMU-Urgences de France et l’AMUF « pour garantir la mise en œuvre déontologique de la protocolisation des appels au Centre 15 ». L'instance appelle « à ce que toute la lumière soit faite sur les dysfonctionnements survenus dans le suivi de l’appel de la jeune femme, qui ne semble, à aucun moment, avoir été mise en relation avec un médecin régulateur ».
Impossible en effet pour l'heure de savoir si c'est cette négligence qui a coûté la vie à Naomi Musenga. Dans un communiqué très court, les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) indiquent avoir commandé une enquête administrative pour « faire toute la lumière sur les faits relatés dans l'article ». Interrogée par « Libération », la communication du groupe hospitalier affirme que les conclusions de l'enquête seront rendues dans moins de trois semaines. Quant à l'opératrice du SAMU qui n'a pas pris au sérieux la jeune femme en souffrance, elle a été suspendue ce mercredi « à titre conservatoire », a également affirmé la direction des HUS.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation