LA MESURE de la couverture vaccinale est nécessaire pour évaluer et guider les politiques vaccinales. L’Institut de veille sanitaire (InVS) qui a la mission de suivre et d’évaluer cette couverture pour tous les vaccins inclus dans le calendrier vaccinal, dresse pour la première fois un état des lieux exhaustif pour chaque vaccination et dans chaque classe d’âge.
« En 2012, les objectifs de couverture vaccinale fixés par la loi de santé publique n’étaient pas atteints
pour la plupart des vaccinations », soulignent Jean-Paul Guthmann, Laure Fonteneau et Daniel Lévy-Bruhl. Toutefois ces objectifs de santé publique ont été atteints chez l’enfant pour les vaccinations diphtérie, tétanos, poliomyélite (DTP), coqueluche et haemophilus infuenzae b. La couverture vaccinale reste insuffisante mais plutôt stable pour le vaccin HPV chez la jeune fille, le rappel coqueluche de l’adolescence, RRO (rougeole-rubéole- oreillons) première dose, rappels DTP décennaux de l’adulte. Le BCG chez les enfants à risque de tuberculose constitue un cas à part du fait des modifications récentes de la politique vaccinale pour ce vaccin. Les données provisoires en Ile-de-France permettent d’estimer une couverture vaccinale régionale à 9 mois à 79 % chez les enfants nés en 2010, en progression par rapport à l’année précédente (76 %)
Des recommandations.
Les couvertures vaccinales sont faibles même si elles sont en progression pour la deuxième dose de RRO, l’hépatite B, le vaccin antiméningocoque C, le vaccin pneumocoque conjugué. Pour ce dernier vaccin, la forte progression observée récemment laisse espérer que l’objectif d’un niveau de couverture à 24 mois d’au moins 95 % soit atteint. La couverture vaccinale contre la grippe saisonnière reste, quant à elle, « insuffisante et en baisse ».
Au-delà de ces données, le rapport a permis de mener une réflexion suivie de quelques recommandations, sur les sources qui permettent d’évaluer la couverture vaccinale. Jusqu’à l’âge de 15 ans, l’estimation de la se fait à partir des certificats de santé. Chez les moins de 2 ans, le dispositif fonctionne mais « peut encore être amélioré », note le rapport. En particulier, il « n’est pas exhaustif » et « la participation des départements et des médecins demeure insuffisante », estiment les auteurs. Parmi leurs recommandations, ils proposent que les médecins soient « davantage sensibilisés à l’importance du remplissage des certificats et de leur envoi aux services départementaux de Protection maternelle et infantile ».
Chez les enfants au-delà de 2 ans et chez l’adolescent, le dispositif (estimation à partir du cycle triennal des enquêtes en milieu scolaire) est performant mais « lourd » reposant sur les médecins et infirmiers(ères) du service de promotion de la santé de l’Éducation nationale qui doivent remplir les questionnaires à partir des carnets de santé des enfants et des éléments recueillis lors de la visite médicale. Les enquêtes « doivent être poursuivies dans les écoles avec les moyens nécessaires à leur bon déroulement », soulignent les auteurs.
Rappel à âges fixes.
Contrairement au dispositif mis en place chez l’enfant, « le système relatif à la couverture vaccinale des adultes est déficient », car il ne bénéficie pas d’un recueil de données en routine. Les remboursements des vaccins représentent un outil intéressant mais pas complètement adapté. Une réflexion actuellement menée, notamment au sein du Comité technique des vaccinations (CTV), consisterait à passer d’une logique de rappel décennal à une logique d’âge avec des rappels effectués à des âges fixes. Un tel dispositif pourrait plus facilement intégrer un système de recueil d’informations surtout s’il s’accompagnait d’une démarche de consultations de prévention à âge fixe. Une autre piste consisterait à développer de nouveaux outils susceptibles de mieux documenter, et de mieux suivre, l’état vaccinal des adultes. La non vaccination des adultes s’explique souvent de l’ignorance dans laquelle ils (ainsi que les professionnels de santé qui les suivent) se trouvent à l’égard de leur statut vaccinal. « La Drees considère, dans son rapport sur l’état de santé de la population (2009-2010), que plus de 50 % des adultes n’ont aucun document sur lequel seraient reportées leurs vaccinations », souligne le rapport. Des pistes comme le DMP, une nouvelle version de la carte vitale ou le carnet de vaccination électronique tel que le développe le site mesvaccins.net (http://www.mesvaccins.net) sont à étudier.
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