« Jamais la prise de conscience par nos autorités respectives des effets induits par le réchauffement climatique n’a été aussi vive, et nous savons tous que nous ne pouvons plus attendre ni reporter nos décisions ! » interpelle le Dr Xavier Deau, conseiller national de l’Ordre des médecins (CNOM) alors que s’ouvre à Paris la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21).
Cet ancien président de l’Association médicale mondiale (WMA) dont il est toujours membre veut croire que « la santé des populations sera enfin au cœur des considérations sur les changements climatiques, avant toute considération industrielle ou économique ».
Dans une prise de position rédigée cette semaine, la WMA a rappelé qu’elle sera un participant attentif à la COP 21, et pressera les dirigeants à reconnaître les menaces que le changement climatique fait peser sur la santé. « Dans ce genre de réunion internationale, les décideurs politiques discutent principalement entre eux et avec les industriels, ignorant les conséquences pour la santé, précise le Dr Deau, dans le fond, ce n’est pas les 2 °C d’augmentation de la température mondiale sur lesquels nous devons nous concentrer mais l’impact sur la santé, surtout celle des populations les plus vulnérables. C’est cela qui doit guider l’action internationale. »
Le WMA cite notamment les conséquences sanitaires des épisodes plus fréquents de sécheresses et d’inondations et la modification de la répartition des maladies infectieuses et parasitaires telles la dengue et le paludisme. Des solutions d’adaptation au changement climatique sont envisagées, notamment en ce qui concerne les nouvelles normes de construction de l’habitat mais « si les inégalités persistent, ces mesures vont empirer les choses », estime l’organisation.
Impliquer les médecins au niveau local
Les organisations médicales savent qu’elles n’ont pas le poids des lobbies industriels. « Mais nous avons une grande force de conviction », estime le Dr Deau. « Nous sommes non seulement les premiers spectateurs des effets négatifs induits par le changement climatique, mais aussi et surtout les premiers acteurs du soin, de la prise en charge et de la prévention de ses pathologies chez nos patients », poursuit-il.
Il espère que les médecins vont avoir un rôle prépondérant dans la mise en place de mesures d’adaptations au changement climatique. « Le médecin peut agir à l’échelle locale, en mettant son expertise au service de la collectivité, souligne-t-il. Il peut interpeller le maire de sa commune sur les pathologies induites par l’environnement qu’il rencontre de plus en plus fréquemment dans son cabinet », explique le Dr Deau, qui estime que « si chaque médecin prend conscience qu’en tant que garant de la santé publique, il a une responsabilité auprès des élus locaux, nous aurons gagné ». « Il est temps, dit-il, d’unir nos savoirs, nos forces et nos expériences afin de mettre en œuvre des actions salutaires. »
En partenariat avec Health and Environment Alliance (Heal) et le WMA et le CNOM organisent au siège du conseil de l’Ordre (180 boulevard Haussman), le 4 décembre, un événement à Paris autour des impacts sur la santé du réchauffement climatique. Une quarantaine d’orateurs y interviendront, dans le cadre de microconférences.
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