LES DEUX registres de l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France (e-MUST et Cardio-ARSIF) fournissent des données épidémiologiques sur les syndromes coronaires aigus et une image précise des stratégies thérapeutiques. Le registre e-MUST concerne les infarctus du myocarde ST+ pris en charge dans les 24 premières heures par les SAMU/SMUR d’Île-de-France depuis 2000. Le registre Cardio-ARSIF concerne les coronarographies et les angioplasties coronaires, réalisées en Île-de-France, entre 2000 et 2010.
On apprend ainsi qu’en Île-de-France, 37 centres de cathétérisme pratiquent des angioplasties coronaires. De 2003 à 2010, 5 982 patients ayant un syndrome coronaire aigu ST+ ont été pris en charge parmi lesquels 33 % ont eu une thrombolyse préhospitalière et 67 % une angioplastie primaire.
En 2010,60 %des patients ont appelé le 15 directement et 70 % ont été pris en charge moins de 2 heures après le début de la douleur. Le taux de décision de désobstruction est stable au fil des ans (93 %). Le pourcentage de thrombolyses préhospitalières (TPH) continue à diminuer (10 % en 2010 contre 31 % en 2002), surtout dans les infarctus du myocarde précoces. Ces chiffres sont évidemment le témoin d’un raccourcissement intéressant du délai d’accès à la salle de cathétérisme. On note également depuis 2002 une diminution du temps qui s’écoule entre le début de la douleur et l’appel au 15 (de 76 à 60 minutes) et du délai entre la prise en charge par le SMUR et la prise de décision en faveur de l’angioplastie transluminale (de 30 à 23 minutes).
Sous-groupes à risque.
« Toutes ces données peuvent également permettre d’analyser les sous-groupes à risque », explique le Dr Hakim Benamer. On remarque ainsi que si la mortalité cardio-vasculaire a diminué très significativement dans la population générale ces dix à quinze dernières années du fait des avancées thérapeutiques et de l’amélioration de la prise en charge, elle reste élevée chez la femme, et a même légèrement augmenté. Mis à part différents paramètres qui peuvent intervenir (surpoids, diabète, etc.), on a remarqué que le délai de prise en charge chez les femmes était plus important car elles tardent à appeler devant des symptômes qu’elles ne pensent pas devoir attribuer à un problème cardiaque. D’autres groupes de patients, comme les nonagénaires sont également en cours d’analyse. Un travail de l’ARS a aussi examiné la fréquence des SCA en fonction des données environnementales (conditions climatiques, pollution, épidémie de grippe) pour s’apercevoir, après analyse multivariée, que les baisses de température étaient un élément important dans la survenue d’un événement coronarien.
« L’écueil de nos registres en France, regrette le Dr Benamer, est le manque de données concernant la période posthospitalière. C’est à l’étude car il est essentiel de savoir si la prise en charge initiale va avoir un impact sur le pronostic à distance. En revanche, on peut se féliciter de l’exhaustivité des données (tous les malades entrent dans la base) et de leur qualité, laquelle est vérifiée, non seulement par un audit interne, mais également par un audit externe effectué par l’ARS ».
D’après un entretien avec le Dr Hakim Benamer, Institut Cardiovasculaire Paris Sud.
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