Oubliez la France et la timide progression de son objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam à 2,4% pour 2014) !
Aux États-Unis, les dépenses de santé croissent actuellement à la vitesse supersonique de 9,9 % par an. C’est ce que le « Bureau of Economic Advisers », un organisme gouvernemental, vient de calculer en se fondant sur les chiffres du premier trimestre de cette année.
Du jamais vu depuis trois décennies, alors que le pays de l’oncle Sam est déjà celui qui consacre le plus de ressources à la santé : ce secteur représente près de 18 % de son PIB, et l’Américain moyen dépense en moyenne près de 9 000 $ (6 500 euros) par an pour se soigner.
Le médicament et l’hôpital dopent le secteur
La croissance énergique mise en évidence par le « Bureau of Economic Advisers » est d’autant plus spectaculaire que les États-Unis sortent d’une phase de relative accalmie sur le front des dépenses de santé. Celles-ci avaient crû à un rythme de moins de 4 % par an entre 2009 et 2012, ce qui constituait la période la moins dynamique depuis un demi-siècle. D’après l’Institut Altarum, organisme indépendant qui scrute la consommation de soins, deux forces principales tirent actuellement les dépenses vers le haut : le médicament (+11 %) et l’hôpital (+8,3 %).
Les causes du regain de vigueur du secteur sanitaire sont doubles. Tout d’abord, la croissance des dépenses de santé suit toujours celle du PIB. L’économie américaine se relevant d’une grave récession, certains analystes ne voient dans ces derniers chiffres qu’une traduction de l’amélioration de l’état général de la conjoncture.
Recours aux services de santé
Mais l’explication macroéconomique ne suffit pas. L’explosion de la consommation de soins aux États-Unis semble surtout liée à la mise en route de l’Obamacare. D’après le « Bureau of Economic Advisers », les assurés fraîchement couverts par la réforme phare du Président ont beaucoup utilisé les services de santé au premier trimestre, générant ainsi une activité nouvelle pour le secteur. Il pourrait s’agir d’un effet de rattrapage, ces bénéficiaires ayant profité de leur nouvelle assurance pour engager des soins qu’ils retardaient depuis longtemps.
Le gouvernement et les observateurs ne s’attendent donc pas à ce que le chiffre de 9,9 % observé pour le début de l’année se maintienne sur le long terme.
D’après l’Institut Altarum, qui utilise une méthodologie différente de celle du « Bureau of Economic Advisers », l’augmentation des dépenses de santé sur un an se situerait plutôt autour de 7 %. Cela constitue tout de même un doublement du taux de croissance par rapport à l’année précédente.
Même à ce niveau un peu plus modeste, la hausse des dépenses de santé va alourdir la facture des assureurs et risque de constituer un nouveau sujet de préoccupation pour Barack Obama.
À quelques mois des élections de mi-mandat, le Président n’avait sans doute pas besoin de voir surgir de nouvelles critiques sur la soutenabilité financière de sa réforme emblématique de la santé.
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