« Le sujet des biosimilaires est apparu d'un coup, comme sorti de nulle part. Je me souviens avoir vu un stand sur les biosimilaires à un congrès américain et ma première question a été : qu'est-ce que c'est ? », se souvient Sonia Tropé, directrice de l'Association nationale de défense contre l'arthrite rhumatoïde (ANDAR). « De manière générale, les associations se sont intéressées au sujet tardivement », estime-t-elle. L'ANDAR a alors commencé à creuser le sujet, à se documenter, à participer à des colloques, à des séminaires, à des journées sur le sujet à l'Assemblée. « Pour nous, c'était vraiment nouveau et la difficulté, c'est que ce sont des traitements ultra-complexes, qui ont déjà été compliqués à faire accepter aux patients. »
Pour elle, le problème de la méconnaissance de ces médicaments est général. « Comme les médecins ne connaissent pas les biosimilaires, les paramédicaux ne savent pas non plus et personne ne va aborder le sujet avec les patients. Si on n'en parle pas, ça n'existe pas ! Les patients, s'ils n'ont pas l'information, ne risquent pas de se poser la question ! » Elle souligne notamment que « les médecins ne sont pas à l'aise pour expliquer le médicament biosimilaire et ses différences par rapport au générique ». « Du côté des associations, nous ne sommes pas contre les biosimilaires, mais pas n'importe comment et pas pour n'importe qui », plaide-t-elle.
Un avis partagé par Stéphane Korsia, de l'association France Côlon. « Nous sommes plutôt favorables aux biosimilaires. Nous savons qu'il y aura beaucoup plus de contrôles que sur le générique, car c'est de la matière biologique, déclare-t-il. De plus, nous avons le souci de la pérennité du système de santé. » L'association est en particulier ouverte à une interchangeabilité sous condition. « Je pense que cela dépend des pathologies. Sur des pathologies chroniques, on voit vite s'il y a une perte d'efficacité. Sur des maladies aiguës comme le cancer cela risque d'être plus compliqué », note Stéphane Korsia.
Une brochure pour informer les patients
En revanche, les avis sur la substitution par les pharmaciens sont partagés. L'ANDAR y est plutôt opposée : « Le patient peut avoir l'impression qu'on lui donne le traitement le moins cher parce que le pharmacien a le plus de marge. C'est dangereux pour la profession, car il y a un risque de perte confiance », estime Sonia Tropé.
France Côlon, en revanche, n'y voit pas d'inconvénient. « Cela ne nous pose pas de problème, explique Stéphane Korsia. C'est le médecin hospitalier qui verra si la substitution pose problème », estime-t-il. L'association François Aupetit (apa), résume la position des associations de patients : « Notre position, c'est d'abord l'information des patients. Dans la prescription, on suppose qu'il y aura une discussion entre le médecin et le malade. Si le patient ne veut pas entendre parler du biosimilaire, le médecin doit respecter son choix. De plus, il faut que la prescription appartienne au médecin et qu'il n'y ait pas de substitution sans l'accord du médecin », explique Alain Olympie, directeur de l’afa. Pour lui, « on a quand même des signes forts que le switch puisse être possible, mais il faut respecter le patient et, si on lui donne un biosimilaire, il faut toujours donner le même. Par ailleurs, il faut que les autorités surveillent la fabrication et puissent en garantir la qualité », insiste-t-il.
Afin de mieux informer les patients, une brochure d'information sur les biosimilaires vient d'être éditée par l'ANDAR, en coopération avec d'autres associations de patients. Elle est actuellement distribuée dans les services de gastro-entérologie, rhumatologie, et dermatologie.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation