François Fillon prend activement le pouls de la profession. Son équipe santé a rencontré les 18 et 19 janvier les leaders des principaux syndicats de médecins libéraux pour recueillir leurs propositions et compléter le programme santé de leur champion, qui soulève de vives polémiques.
Les discussions avec les syndicats étaient pilotées notamment par le Pr Dominique Stoppa-Lyonnet (référente nationale pour les professionnels de santé) et Éric Woerth, en présence également des parlementaires LR Jean Leonetti, Bernard Debré, Valérie Boyer, Jean-Pierre Door, Philippe Juvin ou encore Alain Milon dans certains cas.
Écoute
Le Dr Jean-Paul Ortiz, leader de la CSMF, a eu le sentiment d'une équipe « connaissant ses dossiers, ouverte », mais demandeuse d'idées et de solutions concrètes. « On jugera aux actes », relativise-t-il. Même impression positive au SML. Son président, le Dr Philippe Vermesch, a salué une équipe « à l'écoute, qui semble très attentive aux problématiques des libéraux et désireuse de leur faciliter la vie ». « Sur beaucoup de sujets, on est sur la même longueur d'onde », résume le patron du SML.
Le Dr Claude Leicher, président de MG France, est ressorti « plutôt impressionné » par le « programme fouillé de François Fillon », même s'il n'en partage pas toutes les options. En revanche, le Dr Jean-Paul Hamon, chef de file de la FMF, a plutôt eu l'impression que l'équipe Fillon « était davantage à la recherche de formules choc pour enjoliver le programme, qu'animée par une réelle volonté de réforme ».
Petit et gros risque, idée abandonnée
De source syndicale, de très nombreux sujets ont été abordés – des honoraires, à la place de l'hôpital en passant par le panier de soins, les réseaux de soins, les études médicales, la formation continue, la télémédecine ou la e-santé.
La question centrale du périmètre de l'assurance-maladie obligatoire et des complémentaires a été évoquée, y compris la piste d'une « assurance-maladie universelle » (fusionnant Sécu obligatoire et mutuelles afin de réaliser des économies de gestion), développée récemment par Martin Hirsch et Didier Tabuteau. « Je leur ai dit que c'était la meilleure idée que j'avais entendue depuis longtemps », glisse le Dr Hamon (FMF). Mais l'équipe Fillon a semblé écarter cette piste, selon lui, devant les risques d'étatisation d'une telle réforme.
Le Dr Leicher a plaidé pour le projet de MG France : exonérer complètement de ticket modérateur les soins dispensés par un médecin traitant. « La députée Valérie Boyer (membre de l'équipe santé du candidat Fillon) a paru réellement intéressée », croit savoir le Dr Leicher.
Au nom de la CSMF, le Dr Ortiz est revenu sur la distinction entre petit et gros risque, initialement développée par François Fillon mais abandonnée depuis, selon plusieurs sources syndicales. Le patron de la CSMF a fait valoir que séparer les risques n'avait aucun sens, mais il a rappelé que l'assurance maladie obligatoire avait abandonné certains secteurs comme l'optique, l'audioprothèse ou le dentaire. « Il y a déjà un panier de soins implicite », a-t-il indiqué. Pour le Dr Ortiz, la question du panier de soins solidaire ou individuel « n'est pas taboue », à condition d'associer les Français au débat.
Le SML comme MG France a mis l'accent sur l'investissement dans la prévention. L'équipe Fillon souhaite que le médecin traitant ait un rôle accru dans ce domaine.
Moins d'hôpital
L'hôpital n'a pas été oublié. Le SML a souligné la nécessité absolue de positionner l'hôpital public comme « troisième recours », ajoutant que les principaux gisements d'économies se trouvaient dans ce secteur, notamment par un moindre recours aux urgences. Dans la même veine, Jean-Paul Ortiz (CSMF) a rappelé que son syndicat militait pour que les établissements ne se mêlent pas de tout, et notamment pas de mettre en place des consultations avancées de médecine générale ! « Le Pr Philippe Juvin semblait d'accord avec moi », veut croire le patron de la CSMF.
Last but not least, l'équipe santé de François Fillon s'est engagée à supprimer le caractère obligatoire du tiers payant. « Ils veulent retirer l'obligation, assure le SML. C'est très clair. »
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