Allemagne, Verts, impopularité

L’élan brisé du pouvoir

Publié le 26/09/2013
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Crédit photo : AFP

FRANÇOIS HOLLANDE a pris ses distances avec la gestion au jour le jour du pays et l’a confiée à Jean-Marc Ayrault. Le Premier ministre en a retiré un regain d’autorité dont, face aux ténors du gouvernement, il avait un urgent besoin. Pendant ce temps, le chef de l’État se consacre aux dossiers internationaux. La semaine dernière, il était au Mali pour l’intronisation de son président, ce qui lui a donné l’occasion de rappeler l’utilité des interventions militaires de la France. Cette semaine, à l’assemblée générale des Nations unies, le clou de sa visite devait être une rencontre avec le nouveau président de l’Iran, Hassan Rohani, qui succède à l’abominable Ahmadinejad, et semble prêt à relancer les négociations avec l’Occident pour un mettre un terme à un embargo qui est en train de détruire l’économie iranienne.

Crise de nerfs nationale.

Mais la crise n’attend pas. M. Ayrault est-il mieux placé que M. Hollande pour résoudre les problèmes économiques et sociaux ? Il ne fait jamais rien qui puisse déplaire au président. Lequel a pris quand même le temps de satisfaire quelques revendications des écologistes avant de prendre l’avion pour New York. L’annonce de diverses mesures fiscales censées engager la France dans la fameuse transition énergétique est perçue par la population comme une série d’impôts qui s’ajoutera bientôt à ceux des années précédentes. Le matraquage fiscal a soulevé une telle aversion chez le contribuable que cette concession faite aux Verts, notamment pour qu’ils restent au gouvernement, a provoqué une sorte de crise de nerfs nationale.

Le pouvoir prétend avoir perçu le ras-le-bol fiscal des Français, il ne sait faire autrement que de l’aggraver. Entre-temps, M. Hollande a demandé à Cécile Duflot la « peau » du leader d’EELV, Pascal Durand, qui avait osé lancer un ultimatum au chef de l’État et devra, en conséquence, démissionner de son poste. Tout cela ne fait ni une très bonne politique environnementale ni l’harmonie d’une coalition. La France n’a même pas tiré la leçon du passage de l’Allemagne du nucléaire aux « énergies renouvelables », qui se fait dans des conditions de pollution aggravée par le recours au charbon. Par habitant, l’Allemagne dégage deux plus de CO2 que la France.

RIEN DE PLUS DANGEREUX QUE DE DISTRIBUER DE L’ARGENT QUE L’ON N’A PAS

D’aucuns voient dans la victoire de la CDU aux élections législatives allemandes la fin d’un espoir : celui de M. Hollande, qui aurait souhaité le remplacement d’Angela Merkel par le social-démocrate Peer Steinbrück. Mais le président savait depuis plusieurs semaines que le SPD n’avait aucune chance. Pas plus qu’il n’avait la garantie que M. Steinbrück, s’il avait conquis le pouvoir, aurait adopté une politique financière laxiste. Il n’y a pas de majorité en Allemagne pour une politique de la demande dans la zone euro. Et les sociaux-démocrates, qui ont lancé les réformes d’où l’Allemagne tire sa vigueur, ne risquaient pas de s’abandonner à l’indulgence ni de témoigner à leurs partenaires une sollicitude sans limite. Nos gouvernants peuvent-ils gérer la France en demandant à un autre pays de mettre en œuvre une politique économique qui nous conviendrait à nous, Français, mais ne lui convient pas ?

Au cours de ces dernières semaines, nos dirigeants n’ont pas cessé de nourrir des illusions et de nous en bercer. On allait en finir avec les impôts, on a vu ce que cela a donné ; on a lancé triomphalement un plan de relance contenant 34 dossiers de technologies avancées censées assurer notre développement d’ici à dix ans, comme s’il n’y avait rien de plus urgent à faire ; on continue à compter sur l’Allemagne, soit pour la supplier de consommer et donc d’acheter nos productions, soit, après son refus, pour en faire le bouc émissaire de nos difficultés ; on a menti sur tout, sur l’emploi, sur les impôts, sur l’endettement, sur les déficits publics dont la résorption est constamment différée, et après on s’étonne que, devant un bilan à peu près nul, les marges de manœuvre disparaissent.

Tout ça pour ne pas faire le plus dur mais aussi l’indispensable  : donner du pouvoir d’achat aux Français en cessant de taxer les heures supplémentaires et d’augmenter taxes et impôts, réduire la dépense publique d’un montant égal aux manques à gagner fiscaux, diminuer considérablement les charges des entreprises en trouvant ailleurs (dans la réduction de certaines prestations sociales) la recette ainsi supprimée. Il n’y a rien de plus dangereux que d’ignorer les réalités et de distribuer de l’argent que l’on n’a pas.

RICHARD LISCIA

Source : Le Quotidien du Médecin: 9266