« Cette découverte d’une dysfonction mitochondriale procure pour la première fois un mécanisme qui explique tous les aspects du syndrome de la guerre du Golfe, y compris ceux jugés incompréhensibles, explique au « Quotidien » le Dr Béatrice Golomb de l’université de Californie à San Diego. Ceci souligne clairement le rôle des expositions environnementales dans le syndrome de la guerre du Golfe, et n’est pas compatible avec un stress ou une cause psychologique ».
Ces résultats, publiés dans « PLOS One », suggèrent la possibilité d’un test diagnostique et ouvrent des perspectives thérapeutiques.
Le syndrome de la guerre du Golfe regroupe un ensemble de symptômes chroniques très divers, dominés par la fatigue, des troubles cognitifs et des troubles musculaires (douleur et faiblesse) - qui peuvent persister encore 23 ans après. Longtemps nié ou mis sur le compte du stress, ce syndrome a récemment été rattaché à l’exposition à de nombreux produits toxiques (pesticides, gaz neurotoxique, certains médicaments). Pour l’équipe de Béatrice Golomb, ce profil de symptômes pouvait s’expliquer par un mécanisme de dysfonction mitochondriale.
Grâce à la spectroscopie de résonance magnétique
Pour tester cette hypothèse et évaluer objectivement la présence d’une dysfonction mitochondriale, les chercheurs ont utilisé une technique d’imagerie non invasive, la spectroscopie par résonance magnétique nucléaire du phosphore 31 (SRMN du 31P), pour mesurer la constante de récupération de la phosphocréatine après l’exercice (PCr-R). La PCr-R est considérée comme un indice robuste de la fonction mitochondriale.
Dans une étude cas-témoins, 7 vétérans de la guerre du Golfe affectés ont été comparés à 7 témoins en bonne santé, appariés individuellement pour l’âge, le sexe, et l’ethnie. La phosphocréatine au niveau du mollet a été mesurée au repos, pendant 5 minutes d’exercice sur une pédale, et pendant la récupération.
Les résultats montrent un temps de récupération de la phosphocréatine (PCr-R) significativement plus long chez les vétérans affectés, comparés à leurs témoins (46 secondes contre 29 en moyenne), sauf pour un cas. De plus, à l’exception de ce cas, toutes les constantes (PCr-R) des vétérans excèdent 35 secondes (jusqu’à 70 secondes), alors que toutes les constantes des témoins sont inférieures à 31 secondes.
De façon intéressante, le vétéran ayant une constante inférieure à 35 secondes avait décrit avant la guerre avoir une santé non optimale, ses problèmes pourraient donc avoir une autre origine.
L’équipe projette de confirmer ces résultats dans une plus large étude. Elle souligne toutefois que la signification statistique dans une petite étude à la même importance que dans une grande étude.
Le cœnzyme 10
Cette découverte d’une dysfonction mitochondriale explique tous les aspects du syndrome : les symptômes dominants ; la variation des symptômes d’une personne à l’autre ; pourquoi presque tous les organes sont affectés chez certains individus ; la latence variable avant la survenue des différents symptômes ; les tests « objectifs » perturbés ; les tests sanguins normaux ; et les expositions reliées au syndrome de la guerre du Golfe. « Ceci procure des directions importantes pour la recherche thérapeutique, visant à améliorer l’énergie cellulaire et d’autres effets en aval de la dysfonction mitochondriale », confie le Dr Golomb.
« Des traitements utilisés dans les affections mitochondriales pourraient conférer un bénéfice. Les résultats de notre essai du coenzyme Q10 dans le syndrome de la guerre du Golfe devraient être publiés dans quelques mois ».
PLOS 28 mars 2014, Koslik et coll.
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