À 76 ANS, M. Berlusconi, qui n’a jamais été naïf, croit-il vraiment qu’un très hypothétique retour au pouvoir le protègerait contre la justice ? En tout cas, bien que lui-même et son parti, le Popolo della Libertà (PDL) aient perdu leur popularité, il tente de mettre en œuvre une stratégie, ou plutôt un stratagème, auquel il est prêt à sacrifier le redressement de l’Italie. Mario Monti, en effet, a annoncé sa démisison prochaine, consécutive à l’adoption du budget de 2013, parce que, n’étant pas élu mais désigné en novembre 2011 à la tête de l’exécutif par le président de la République dans un contexte de crise gravissime, il refuse d’exercer son mandat au-delà d’une limite qui lui semble être celle de la légitimité. Au calcul cynique de M. Berlusconi, M. Monti répond par la rigueur morale, tout à fait en harmonie avec la rigueur financière qu’il a imposée à l’Italie, non sans indéniable succès.
Incompétent, laxiste, incapable.
Le pire, c’est que le « Cavaliere » ait encore quelque chose à dire. Il a tenté de minimiser l’impact de sa démarche, en soulignant que les élections ne seront avancées que d’un mois et demi, ce qui, selon lui, « change peu de choses ». Il s’est efforcé d’expliquer son coup de Jarnac, l’abandon du soutien du PDL à la politique économique de M. Monti, et a fait dire par son numéro deux, Angelino Alfano, que le PDL, in fine, voterait le budget. En réalité, Silvio Berlusconi est confronté à des poursuites judiciaires qui risquent bel et bien de le conduire un jour en prison et il espère seulement créer les conditions de son immunité parlementaire. Des réformes de Mario Monti, il se moque d’autant plus qu’elles ont prouvé a posteriori sa propre incompétence, son laxisme, son incapacité à assainir les finances de l’Italie. De toute façon, il a toujours mis son destin personnel, son appétit de pouvoir (et de chair fraîche), la gloutonnerie avec laquelle il s’intéresse à l’argent ou aux femmes au-dessus des intérêts bien compris de l’Italie. Ce n’est pas seulement un politicaillon, c’est un homme moralement répugnant.
Peut-il encore duper les Italiens ? Nous ne le croyons pas. Son retrait en 2011 traduisait le dégoût de l’opinion et son parti, qui l’avait mis au pouvoir en recueillant 38% des suffrages, ne recueillerait plus que 9%, selon les sondages. Il sera en outre privé des soutiens qui formaient sa coalition, par exemple le président de la Chambre, Gianfranco Fini, qui estime que Berlusconi « sait parfaitement qu’il a déjà perdu », ou Umberto Bossi, qui rêvait de créer un État sécesssionniste dans le nord du pays, et a perdu tout crédit aujourd’hui. C’est l’ensemble de la droite berlusconienne qui part en quenouilles, au profit du centre gauche qui vient de procéder à des primaires. Lesquelles ont désigné Pierluigi Bersani, le candidat le plus capable de vaincre la droite.
BERLUSCONI PEUT METTRE DE FIN A LEXPERIENCE MONTI IL NE GAGNERA PAS LES ELECTIONS
Faut-il, pour autant, à l’Italie, une alternance ou la continuité dans le redressement ? On ne sache pas que Mario Monti soit un très grand ambitieux ou qu’il ait la moindre envie de se lancer dans une campagne électorale qui, avec la présence de Berlusconi, risque d’être grotesque. En même temps, les sociaux-démocrates sont ce qu’ils sont, des rêveurs qui perdent le pouvoir peu de temps après l’avoir conquis et dont les idées ne sont pas vraiment en cohérence avec la dure réalité économique et financière d’aujourd’hui. Les Italiens souffrent sous le bât auquel M. Monti les a astreints, mais ils ont pour lui estime et respect. Ils savent, tous au fond d’eux-mêmes, que l’Italie de Berlusconi n’a jamais été respectée et que leur pays, industrieux et créateur, ne méritait pas cette indignité. Ils savent aussi que le programme de Monti mérite d’être poursuivi car il est le seul à offrir un espoir de redressement. Il faudrait donc que Mario Monti crée un parti ou en rejoigne un qui correspondrait à la défunte démocratie-chrétienne. Ou mieux, un parti du Redressement, sans couleur politique. L’avenir proche dira si cette hypothèse est valable.
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