Sur la Loi Santé tout a été dit : désengagement de l’assurance-maladie, prise de pouvoir des assureurs privés, inféodation des médecins placés de surcroît dans un conflit d’intérêts (faudra-t-il obéir à sa déontologie ou à l’organisme payeur ?), article 47, et disparition du secret médical, tracasseries administratives, pouvoir renforcé des ARS…, j’en oublie.
Parlons un peu de la forme.
Une ministre dit que ce sera comme ça un point c’est tout. Que c’est bon pour la France et les Français. Les syndicats de médecins libéraux veulent discuter, comprendre, peut-être modifier un peu les choses. Après tout, on est en démocratie, et en principe cela veut dire qu’on peut se parler. Non. Disque rayé : on va vous expliquer que c’est bon. Et si vous ne comprenez pas, on vous réexpliquera. Najat Vallaud Belkacem a fait la même chose avec les enseignants : la réforme du collège est bonne puisque je vous le dis.
Le CISS soutient la réforme. Normal ; on ne mord pas la main qui vous nourrit. Et puis c’est un principe : tout ce qui embarrasse les médecins est pain béni pour les défenseurs des usagers. Un programme comme un autre.
Subliminal
Sur Twitter, le collectif met en avant l’histoire d’une MG de Gennevilliers qui fait du tiers payant depuis 30 ans et qui fait ses visites à vélo. Et là, vous vous dites mais quel rapport ? Aucun. On est dans le subliminal : faire du vélo, c’est propre et écolo. Un peu comme le tiers payant. Le médecin ne se salit pas les mains en touchant les billets de banque et les chèques. Et puis ce médecin qui fait du TPG depuis 30 ans soigne aussi les plus démunis. Moi aussi je soigne les démunis vous dites-vous. Je sais bien, et même quelquefois gratuitement ou en faisant crédit et en « effaçant » la dette de temps à autre, ou en attendant que le patient soit remboursé pour encaisser un chèque. Mais n’insistez pas, vous avez tort, et Martial Olivier-Koehret vous le rappelle dans son article du 08 octobre dans « Le Monde Eco et Entreprise » : « Les opposants à la généralisation du tiers payant argumentent sur des dysfonctionnements actuels. Ils oublient que l’objet de la loi est justement d’organiser les flux financiers pour ne pas laisser perdurer ces erreurs. »
Aujourd’hui donc, quand un patient vous fait l’avance des frais et qu’il est remboursé en quelques jours, c’est selon Martial Olivier-Koeret un flux financier désorganisé. Et les erreurs dont il parle sont des dysfonctionnements. Lesquels ? Mystère.
On pourrait répondre point par point aux affirmations non étayées de cet ancien président de MG France ; allégations au doigt mouillé et autres banalités, mais ce n’est pas le propos. Allez, une petite dernière malgré tout : « Nous devons dire oui au tiers payant généralisé, avec la garantie du paiement du travail des médecins ! Le tiers payant est l’occasion de donner à la population la possibilité de ne plus recourir directement à l’hôpital gratuit et ouvert (…) »
Parce que, en fait, quand aujourd’hui un patient vous paie, le règlement n’est pas garanti. Demain donc, avec la Sécurité sociale et les 600 mutuelles, ce sera beaucoup plus simple en tiers payant. Évidemment. Quant à dire que les patients n’iront plus aux urgences grâce au tiers payant… qui peut y croire ? Quels travaux le démontrent ?
La révélation Besancenot
C’est Olivier Besancenot, à la télévision, qui m’a ouvert les yeux : à La Poste, en début de négociation entre les ouvriers et la direction, on est tous des collaborateurs. On va discuter, négocier entre gens intelligents et on va sortir de la crise par le haut etc. En fin de réunion, un cadre sup prend la parole et explique que « c’est la Direction qui prend les décisions ». Circulez.
Entre les médecins libéraux et Marisol Touraine, c’est une réunion à grande échelle qui dure. Brigitte Dormont, à l’inverse de quelques flagorneurs, a tenu un discours honnête et compréhensible. Pas de chance, ses arguments pour encenser la loi et le TPG sont les mêmes que ceux qui les dénoncent. Mais le ton est donné : on passera en force.
Il y a aujourd’hui des gens qui savent ce qui est bon pour nous et d’autres qui savent ce qui est bon pour la population. Les deux mouvances se rejoignent dans un univers peuplé d’arrogance et de certitudes, telles ces étoiles dont la lumière nous parvient quand elles ont, depuis longtemps, cessé de briller.
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