IL A FALLU beaucoup de courage, au pouvoir et à la majorité, pour affronter l’inévitable torrent de critiques déversé par l’opposition sur leur bilan. M. Sarkozy n’en est pas moins le premier responsable de son échec. Il a conduit, dès 2007, une politique économique de réduction de la pression fiscale qui allait se révéler incompatible avec la crise de 2008, puis avec celle de 2011. Il a incontestablement alourdi de quelque 500 milliards d’euros la dette française. Il a passé la deuxième moitié de son mandat à tenter, à contre-cœur, de réparer les dégâts des décisions prises pendant la première moitié. Il n’a pas réussi à obtenir de l’Allemagne des mesures qui auraient mis les pays lourdement déficitaires de la zone euro à l’abri de la tempête durable dans laquelle nous risquons, à chaque instant d’être engloutis.
CE N’EST PAS SARKOZY QUI A ÉTÉ DÉGRADÉ, C’EST LA FRANCE
Ces mesures auraient consisté, grosso modo, à créer un organisme prêteur de dernier ressort, à faire fonctionner la planche à billets, comme on dit vulgairement. C’est ce que font les États-Unis et la Grande-Bretagne, libres de monétariser la dette et qui, avec des déficits budgétaires et une dette comparable aux nôtres, n’en subissent pas les mêmes conséquences. Déjà, au début du mois d’août dernier, Standard’s and Poor avait dégradé la note américaine, décision qui avait été accueillie avec stupeur et consternation par les dirigeants américains, mais n’avait pas entraîné une augmentation des taux d’intérêt aux États-Unis.
Une dégradation anticipée.
Les agences de notation ont acquis le pouvoir, à la faveur de la crise, de peser sur les politiques énonomiques des États, leur gestion n’en est pas davantage frappée au coin de la cohérence : il n’est pas logique qu’elle n’aient pas dégradé le Royaume-Uni vendredi dernier. En outre, une autre agence, Fitch, a annoncé qu’elle ne dégraderait pas la France en 2012 et Moody’s reste silencieuse sur le sujet. Les marchés ayant largement anticipé la dégradation de la note de la France, déjà mise sous « surveillance négative » il y a un mois par S&P, de sorte que les taux d’intérêt ne vont pas augmenter pour notre dette souveraine, pas plus qu’ils n’augmenteront excessivement pour les particuliers.
On ne saurait pour autant se mettre la tête sous le sable et ignorer le choc psychologique et politique de la mesure adoptée par S&P. Non sans imprudence, le président avait fait du triple A, dont le public n’avait jamais entendu parler, un « trésor national » qu’aujourd’hui nous avons perdu et que nous aurions perdu sans nous en rendre compte s’il avait été plus discret. Il avait expliqué ses récentes dispositions fiscales par la nécessité de conserver la note française. Son entourage rappelle, non sans logique, que plusieurs pays européens ont été dégradés en même temps que la France, que celle-ci n’a perdu qu’un cran (argument téméraire car nous pouvons perdre un ou plusieurs crans de plus dans les mois qui viennent), qu’il s’agit d’une crise européenne et non nationale. Il demeure que l’écart avec l’Allemagne se transforme en fossé profond, que s’accentue le différentiel des taux d’intérêt (notre voisin d’outre-Rhin a obtenu un prêt à un taux négatif, c’est-à-dire que le prêteur paie pour accorder son prêt à un emprunteur de très grande qualité), que la convergence des politiques budgétaires et fiscales prendra de longs mois alors que les marchés réagissent instantanément à chaque mauvaise nouvelle.
C’est vrai : S&P n’a pas plus été convaincu que la presse et l’opinion européennes par les vertus de l’accord passé le 9 décembre dernier entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Le président français a fait contre mauvaise fortune bon cœur en prétendant qu’il n’était pas favorable à la mutualisation des dettes souveraines de la zone euro. En réalité, il avait cédé à l’inflexible rigueur de Mme Merkel.
C’est elle qui doit mesurer, aujourd’hui, les conséquences de la politique qu’elle a imposée à la zone euro. L’Allemagne n’a aucun intérêt à ce que s’effondre le marché vers lequel elle exporte principalement ses produits. Elle ne tirera aucun bénéfice, bien au contraire, de l’appauvrissement de la zone euro. Elle peut aussi commencer à craindre le pouvoir excessif qu’elle détient quand elle joue un rôle important dans le déroulement de la campagne électorale en France. Et au delà. Car s’il est logique que l’opposition se serve de la dégradation pour pilonner M. Sarkozy, François Hollande constate que ses marges de manœuvre se réduisent tous les jours. Ce n’est pas M. Sarkozy qui a été dégradé, c’est le pays. Le candidat socialiste peut-il encore proposer de nouvelles dépenses publiques ? Dans ce maëlstrom, que devient son projet de « rêve français »?
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