PERSONNE N’EST prêt à donner à la Catalogne ce qu’elle réclame, ni le gouvernement de droite espagnol, ni l’opposition socialiste, ni l’Union européenne, qui n’a pas prévu ce cas de figure dans ses statuts. L’aspiration à l’indépendance est principalement due à un phénomène conjoncturel, la crise économique et financière, qui, paradoxalement et en dépit de la conviction des Catalans qu’ils se porteraient mieux s’ils ne dépendaient pas de Madrid, les contraint à demander l’aide du pouvoir central. Leur analyse repose sur l’idée qu’ils donnent plus d’argent à l’Espagne que Madrid ne leur en apporte.
À quoi s’ajoute la conviction que le séparatisme est une tendance géopolitique à long terme en Europe, avec l’Écosse qui entend tenir un référendum en 2014, et l’aval obligé, mais signé à contrecœur, par David Cameron, Premier ministre britannique, et le mouvement d’Umberto Bossi en Italie, qui rêve de créer une « Padanie » (région de la plaine du Po) dans le nord de l’Italie, mais qui, depuis le départ de Silvio Berlusconi, l’arrivée de Mario Monti et les réformes économiques et sociales engagées par celui-ci, est grandement affaibli. Autrement dit, le séparatisme est une idée à la fois neuve, irrationnelle et en déclin, mais quelques leaders d’Europe, enflammés par le projet, continuent à faire comme si elle allait s’imposer.
Le pari de Cameron.
M. Cameron ne disposait d’acun instrument légal pour empêcher les Écossais de poursuivre leur rêve. Mais sa complaisance apparente pour le séparatisme cache une stratégie qui consiste, d’une certaine manière, à pratiquer la politique du bord de l’abîme. Il suffit, croit-il probablement, que les nationalistes écossais soient confrontés aux conséquences imminentes de leur irresponsabilité pour qu’ils reculent. C’est un pari appuyé sur le fait que la « dévolution » (forme d’autonomie) a été accordée à l’Écosse et qu’elle devrait suffire. Quand les nationalistes d’Écosse, qui n’ont rien à envier à d’autres nationalistes européens quand il s’agit de défendre leur projet indépendantiste, feront leurs comptes, ils verront que la sécession leur coûtera infiniment qu’elle ne leur rapportera.
UNE ASPIRATION À L’INDÉPENDANCE NOURRIE PAR LA CRISE
Cela est vrai de la Catalogne, avec la différence que le pouvoir central espagnol dispose, lui, d’instruments juridiques propres à rappeler aux Catalans qu’ils sont dans l’illégalité : rien, dans les textes, ne prévoit un référendum régional. Le gouvernement de Mariano Rajoy s’élève avec force contre les idées d’Artur Mas et on devine que l’affrontement est proche. Ce n’est peut-être pas la bonne stratégie. Les Catalans verront dans la résistance de Madrid la domination du tout sur la partie, et leur sentiment nationaliste ne fera que s’exacerber. La meilleure tactique, pour ramener la Catalogne à la raison, est de lui montrer que, en l’état actuel des choses, l’Europe n’est pas préparée à l’accueillir en son sein. L’argument politique de choc, en l’occurrence, est économique et commercial. Il n’est pas difficile de démontrer que la Catalogne, comme l’Espagne dans son ensemble, a tiré avantage jusqu’à présent des aides européennes aux pays du sud en retard par rapport au nord. Et que les échanges entre la Catalogne et le reste de l’Espagne assure à la Generalitat, le gouvernement catalan, sa prospérité. Certes, la crise terrible que traverse l’Espagne, avec un taux de chômage de 25 % et une paupérisation croissante de la population, efface les avantages liés à l’appartenance à l’UE. Plus tard, surtout si l’euro est sauvé, il serait absurde de renoncer au dynamisme économique de l’Europe au nom d’une indépendance qui ne serait, en l’occurrence, qu’un début d’autarcie.
M. Mas devrait se souvenir qu’une crise est limitée dans le temps. Elle embellit son projet qui deviendra dangereux si la croissance revient. Le temps de se battre contre Madrid, le temps d’organiser le référendum, le temps de passer avec l’UE de nouveaux accords et le courant nationaliste sera épuisé. Le pire n’est pas sûr.
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