BARACK OBAMA a pris conscience cette année de la nécessité pour son administration d’engager un plan à long terme de réduction des déficits budgétaires. La réforme de l’assurance-maladie coûte cher, l’éducation exige une réforme qu’il faudra financer, et, pour ne pas pousser les conflits avec l’opposition républicaine jusqu’à un degré d’hystérie avancé, il a renoncé à éliminer les baisses d’impôts importantes que George W. Bush avait accordées aux revenus les plus élevés. M. Obama, par sa prudence politique -qui a par ailleurs l’avantage d’augmenter ses chances de réélection en 2012-, a déçu bon nombre de ses partisans, en tout cas l’aile gauche du parti démocrate, qui réclamaient à la fois plus d’impôts et plus de dépenses. Il n’a pas, comme Nicolas Sarkozy, l’audace de croire qu’on peut tendre vers l’équilibre budgétaire sans accroître la pression fiscale et il a montré qu’il pouvait diminuer les dépenses d’armement, en dépit de la grogne du complexe militaro-industriel.
Dette publique de 100 %.
Le problème est que la dette publique américaine, dont une grosse partie est entre les mains des étrangers, notamment le gouvernement chinois, s’élève à 14 000 milliards de dollars, soit une année de production intérieure brute. D’autres pays, comme le Japon ou l’Italie, sont proportionnellement deux fois plus endettés, mais la majeure partie de la dette du Japon est entre les mains des Japonais. Si les États-Unis bénéficient d’un privilège, celui de posséder LA monnaie de réserve, le fait que, pour la première fois, Standard and
Poor’s les traite comme une république bananière (ou presque) constitue un signe alarmant de leur déclin financier. M. Obama a proposé au Congrès un plan de réduction du déficit budgétaire de 4 000 milliards de dollars en douze ans, qui n’est pas extrêmement convaincant et qui contient une hausse des impôts pour les nantis à partir de 2012. L’homme-lige de l’opposition républicaine, le représentant du Wisconsin, Paul Ryan, réclame pour sa part une diminution des budgets de 6 200 milliards de dollars en dix ans, en s’appuyant sur une réforme des retraites et de l’assurance-maladie (il commencerait par annuler la réforme d’Obama) qui priverait les baby-boomers du filet social américain. Le plan de M. Ryan, dont il est fait grand cas dans la presse américaine, sera combattu par les seniors qui dépendent de Medicare (assurance-maladie à bon marché réservée à tous les citoyens américains de 65 ans et plus) et par les pauvres, ou les organisations qui les représentent, et qui sont protégés contre la maladie par Medicaid.
LES ÉTATS-UNIS RAVALÉS AU STATUT DES EMPRUNTEURS PRIS À LA GORGE
La bataille est donc, pour le moment, confinée à ce que les Américains appellent « entitlements », comme s’il n’y avait d’économies à faire que dans les programmes sociaux, qu’il n’était pas possible d’augmenter les impôts ni de faire des coupes dans les multiples cadeaux budgétaires donnés par le Congrès à telle ville ou tel État, sous la pression des élus du coin.
Comme on l’a constaté à plusieurs reprises, les républicains et les « Tea Partiers » font souvent plus de bruit que de mal et ne représentent guère une majorité possible, dès lors que M. Obama a une cote de popularité de l’ordre de 50 %. Pour des raisons de tactique électorale, il ne souhaite pas s’engager dans une bataille meurtrière avec l’opposition au sujet des déficits. Il préfère être réélu d’abord. Mais la dégradation à venir de la note américaine ne lui laisse guère le temps d’ignorer la dette. La préparation du budget qui court d’octobre 2011 à septembre 2012 lui intime l’ordre de proposer des coupes massives dans les dépenses ou des hausses d’impôt suffisantes. L’événement majeur, c’est que les États-Unis sont maintenant menacés par leur dette vertigineuse tout autant que les pays européens et que, pour continuer à emprunter à un taux peu élevé, ils doivent adopter un plan de diminution crédible des déficits budgétaires.
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