En 2019, neuf millions de morts prématurées, soit l'équivalent d'un décès sur six, étaient attribuables à la pollution dans le monde, selon la Commission sur la pollution et la santé de « The Lancet », dans son deuxième rapport tiré des données de l'étude Global Burden of Disease (GBD). La baisse des décès dus à la pollution traditionnelle (pollution de l'air domestique due aux combustibles solides et à l'eau insalubre), observée depuis 2000, a été éclipsée par une augmentation substantielle de la mortalité liée à l’exposition à la pollution industrielle, alertent les auteurs du rapport publié dans « The Lancet Planetary Health ».
« Au cours des deux dernières décennies, les décès causés par les formes modernes de pollution (par exemple, la pollution de l'air ambiant et la pollution chimique toxique) ont augmenté de 66 % (passant d'environ 3,8 millions de décès en 2000 à 6,3 millions de décès en 2019, NDLR), en raison de l'industrialisation, de l'urbanisation incontrôlée, de la croissance démographique, de la combustion de combustibles fossiles et de l'absence de politique nationale ou internationale sur les produits chimiques », écrivent-ils, déplorant que la mortalité n’ait pas évolué depuis le premier rapport de la Commission (2017) sur les données de 2015.
La pollution de l’air responsable de près de 75 % des décès prématurés
Dans le détail, la pollution de l'air, à la fois domestique et extérieure, reste responsable de près de 75 % des décès, avec 6,67 millions de morts évitables dans le monde en 2019. Elle est suivie de la pollution de l'eau, responsable de 1,36 million de décès prématurés, du plomb (900 000 décès prématurés) et des expositions professionnelles aux produits chimiques (870 000 décès).
Si la baisse des décès dus à la pollution traditionnelle est la plus évidente en Afrique et s’explique notamment par les progrès dans l'assainissement et l'approvisionnement en eau, la hausse des décès due à l'exposition à la pollution industrielle est particulièrement marquée en Asie du Sud-Est, où les niveaux croissants de pollution industrielle affectent des populations vieillissantes.
« Les impacts de la pollution sur la santé restent énormes, et les pays à revenu faible et intermédiaire supportent le poids de ce fardeau, résume l'auteur principal du rapport et codirecteur de la Commission Richard Fuller, dans un communiqué. Malgré ses énormes répercussions sur la santé, la société et l'économie, la prévention de la pollution est largement négligée dans le programme de développement international. » Ces pays concentrent 92 % des morts prématurées et subissent la majeure partie des pertes économiques qui en découlent.
Trop peu de progrès malgré l’urgence
Malgré la menace, « peu de progrès réels contre la pollution peuvent être identifiés », regrettent les auteurs, appelant à des mesures « urgentes » pour contrôler la pollution et prévenir les maladies associées. « L'attention et le financement n'ont que peu augmenté depuis 2015, malgré une augmentation bien documentée de l'inquiétude du public concernant la pollution et ses effets sur la santé », souligne Richard Fuller.
Des mesures urgentes sont d’autant plus nécessaires que « la prévention de la pollution peut également ralentir le changement climatique - en obtenant un double avantage pour la santé planétaire », ajoute le Pr Philip Landrigan, co-auteur et directeur de l’Observatoire mondial de la pollution (Boston College). Les auteurs réclament notamment une « transition massive et rapide » de tous les combustibles fossiles vers une énergie propre et renouvelable.
« La pollution, le changement climatique et la perte de biodiversité sont étroitement liés. Un contrôle efficace de ces menaces conjointes nécessite une interface science-politique soutenue à l'échelle mondiale pour éclairer les interventions, influencer la recherche et orienter le financement », juge Rachael Kupka, co-auteur et directrice exécutive de la Global Alliance on Health and Pollution.
Un « Giec » sur la pollution
Les auteurs appellent ainsi à la création d’un groupe scientifique et politique indépendant sur la pollution, suivant le modèle du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). Ils recommandent également une hausse des financements pour la lutte contre la pollution et un renforcement de la surveillance et de la collecte de données.
Les auteurs insistent aussi sur la nécessité d’une approche globale et internationale sur ces questions, alors que « la pollution a généralement été considérée comme un problème local à traiter par le biais de réglementations infranationales et nationales ou, occasionnellement, en utilisant la politique régionale dans les pays à revenu élevé », observent-ils. Mais, pour Rachael Kupka, « il est de plus en plus clair que la pollution est une menace planétaire et que ses moteurs, sa dispersion et ses effets sur la santé transcendent les frontières locales et exigent une réponse mondiale. Une action mondiale sur tous les principaux polluants modernes est nécessaire ».
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