Entre 200 et 400 personnes, médecins généralistes et spécialistes, paramédicaux et patients venus de toute la France, ont parcouru les 41 km qui séparent Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et Château-Chinon (Nièvre) contre la loi de santé. « Le Quotidien » a suivi leur parcours.
Vendredi dernier, 9h30 : la place de l’hôtel de ville de Chalon-sur-Saône se remplit. Les médecins ont troqué leur blouse blanche contre des sacs à dos et chaussures de rando. Tous sont ici, à l’appel du collectif « MST 71 »,organisateur de la marche de la santé pour tous, pour demander l’abandon du projet de loi de santé. « Nous sommes à la veille d’une mutation négative de notre système de santé. La loi s’attaque au pilier même du code déontologique de la médecine », scande, debout sur une jeep, le Dr Didier Chassery, un généraliste membre de MST 71. « La résistance ne cesse de grandir, plus de 50 collectifs ont vu le jour cette année », poursuit-il au microphone. « C’est la fin de la liberté du choix du médecin », du « secret médical » ou de la « liberté de prescription ». Le discours se solde par un tonnerre d’applaudissements.
À 10 heures, la foule se met en route. En tête de cortège, une banderole : « Les médecins vous soignent, les mutuelles vous saignent ». Les leaders de plusieurs syndicats médicaux prennent part à cette marche symbolique : les Drs Éric Blondet (BLOC), Jean-Paul Hamon (FMF), Éric Henry (SML) et Jérôme Marty (UFML).
Défendre les patients aussi
Ici pas de chichis : les généralistes, spécialistes et les autres professionnels de santé, secteur I ou II, syndiqués ou non, du nord ou du sud, tous sont unis contre la loi de santé. Même des politiques ont fait le déplacement. Le Dr Marie Mercier, sénatrice de la Saône-et-Loire et généraliste en exercice, a marché quelques kilomètres avec la troupe. « Je suis ici en tant que médecin et pour mes patients », confie-t-elle. Elle s’oppose à l’article 47 sur la mise à disposition des données de santé. « Les conséquences de cette loi seront lourdes pour les patients », réagit Juliette, jeune kinésithérapeute. « Marisol Touraine ment aux patients avec sa loi », surenchérit Étienne, interne en chirurgie orthopédique à Lyon. Passé midi, le cortège s’enfonce sous un soleil de plomb dans la campagne vallonnée du Morvan. Le Dr Henry s’active auprès des véhicules ralentis sur la départementale. Il distribue des tracts et explique rapidement les enjeux de la loi. Aucun klaxon, la population locale est à l’écoute. Après 12 km, le cortège est accueilli à Mercurey par le maire Dominique Juillot, très préoccupé par le désert médical de sa ville. Vers 15h30, le cortège entame la traversée d’Autun en chantant. Les médecins s’époumonent et la foule reprend en cœur certains passages délurés.
Perte de l’indépendance
Après un somme sous une tente à la Celle-en-Morvan, les marcheurs reprennent la route sous une pluie diluvienne. Les trombes d’eau n’ont pas découragé le Dr Sepideh Laurent, généraliste de Basse-Normandie. Elle est présente aujourd’hui, car elle « ne veut pas perdre son indépendance » et « être à la botte de la Sécu et des mutuelles ». Plus loin dans le cortège, deux dermatologues de Bretagne en K-way et parapluie à la main sonnent le tocsin. « Cette loi n’est pas éthique. Elle ne rendra pas service aux patients et va intensifier le flicage ». En tête de file, c’est une patiente qui ouvre la marche. Nathalie Voné-le-Mœlle a tenu à faire un bout de chemin avec ses amis médecins. « Je suis l’affaire, précise-t-elle. La médecine à deux vitesses et le non-respect du secret médical m’interpellent. »
Au terme des trois jours de marche, ses organisateurs jugent le bilan positif. « Dimanche plus de 400 personnes étaient rassemblées à Château-Chinon. De nouveaux collectifs se sont créés, notamment celui de Bordeaux et les médecins ont tissé des liens, c’est motivant », souligne le Dr Stéphanie Grassi, porte-parole de MST 71. Le collectif concocte des actions plus musclées, début octobre, date du blocage sanitaire.
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