La Haute autorité de santé (HAS) publie ce mercredi des recommandations visant à améliorer l’accès à la liste d’attente nationale pour la greffe rénale. « Des inégalités d’accès à cette liste existent aujourd’hui en France (en termes d’âge, de genre, de comorbidités, de délais d’inscription) », estime la HAS qui évalue à 1 800 le nombre de personnes non inscrites sur la liste qui auraient pu bénéficier d’une greffe.
Aujourd’hui, 12 000 inscrits
Parmi les personnes souffrant d’insuffisance rénale chronique terminale, 33 700 ont reçu une greffe de rein et 42 500 sont dialysés. « Lorsqu’elle est possible, la greffe d’un rein offre une meilleure espérance de vie et une meilleure qualité de vie par rapport à la dialyse et est aussi plus efficiente », souligne la Haute Autorité. Toutefois, le manque de greffons disponibles limite l’accès à cette greffe rénale.
La liste d’attente compte aujourd’hui 12 000 personnes.
« Si la réglementation définit les règles de répartition des greffons issus de personnes décédées, elle ne précise pas les règles concernant l’inscription sur la liste d’attente », note la HAS. Celle-ci est laissée à l’appréciation des équipes médicales avec des disparités selon les régions : en termes de délais d’inscription (entre 0 et 10 mois) et de taux d’inscriptions anticipées (entre 6,5 et 25 % des patients sont inscrits avant dialyse). Outre ces disparités et délais trop longs, la HAS observe « des non-inscriptions injustifiées » de certains patients, de plus de 70 ans ou présentant une comorbidité telle que le diabète ou l’obésité. L’examen de la liste montre aussi une sous-représentation des femmes qui ont, à âge, maladies associées et statut professionnel équivalents, 30 % de chance en moins d’être inscrite qu’un homme.
Anticipation et information
Les recommandations élaborées à la demande du ministère de la Santé visent donc à assurer un accès plus équitable à cette liste. Celles-ci visent plusieurs objectifs : augmenter les inscriptions anticipées sur la liste (prévoir la greffe avant la mise en place d’une dialyse permet d’augmenter les chances d’obtenir un greffon mais aussi les chances de réussite de la greffe) ; réduire les délais en mettant en place un système de suivi des patients ; réduire les inégalités d’accès par le suivi des indications et contre-indications déterminées par la HAS ; repérer les patients qui auraient pu être inscrits sur la liste mais qui n’ont pas été identifiés parce qu’ils ont été mis sous dialyse en urgence (30 % des patients dialysés) ou parce que la mise sous dialyse n’a pas été anticipée ; s’assurer que le patient est un acteur dans le choix de son inscription sur la liste (près d’un patient sur deux déclare ne pas avoir été informé des alternatives et de ne pas avoir eu le choix).
Dix contre-indications
La HAS rappelle que « tout patient de moins de 85 ans, avec une maladie rénale chronique irréversible de stade 4 (susceptible d’évoluer vers le stade 5 dans les 12 mois) ou de stade 5, dialysé ou non, doit pouvoir accéder à la liste s’il ne présente pas de contre-indications à la greffe ». Quant aux contre-indications à la greffe, la HAS en identifie 10 : refus du patient, âge supérieur à 85 ans, patient atteint d’un cancer ou d’une hémopathie maligne non en rémission, comorbidités cardio-vasculaires sévères et respiratoires sévères, troubles psychiatriques aigus non stabilisés ou chroniques non suivis, dépendance à l’alcool ou addiction aux drogues dures sans projet de sevrage, démence avérée évoluée, obésité avec un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 50 kg/m2, décision de ne pas engager un traitement de suppléance.
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