LES BRUYANTS manifestants hostiles à la loi, qui préparent une nouvelle manifestation pour le 27 mai bien qu’elle ait été adoptée par l’Assemblée, qu’elle ait reçu l’aval du Conseil constitutionnel et qu’elle ait été mise en vigueur par le président Hollande, sont d’autant plus à l’aise dans leur vœu d’apolitisme qu’ils ne reçoivent en fait le soutien d’aucun parti, ni à gauche, bien sûr, ni même à l’UMP, ni encore au Front national, particulièrement prudent sur le sujet. Ce qui en fait un mouvement très isolé. Interrogé mardi sur France-Info, Jean-François Copé a annoncé qu’il participerait à la manifestation du 27 mai, mais que ce serait la dernière fois, car il estime qu’il est temps d’aborder la campagne des municipales au terme de laquelle il espère reconquérir quelques-unes des villes que la droite a abandonnées à la gauche depuis longtemps.
Les raisons du malentendu.
Ce ne sont pas les convictions qui séparent les anti-mariage homo de la droite dans son ensemble, sinon dans sa totalité. L’objectif de l’UMP était de récupérer le mouvement de Mme Barjot, pour apporter un peu d’énergie cinétique à sa campagne des municipales, alors que Mme Barjot entend rester indépendante et vise au-delà de l’UMP ; et que, au sein même du premier parti de droite, quelques divergences se sont exprimées. Les hésitants ou ceux qui ressentent un malaise face à ce qui devient un mouvement d’intolérance à l’égard de l’homosexualité ne sont pas, à l’UMP, les plus nombreux. On compte même des maires de droite qui commencent à dire qu’ils n’officieront pas si deux homosexuels veulent se marier dans leur mairie. Mais la crainte d’être désignés comme passéistes ou sectaires incite les principaux leaders de l’UMP à ne pas prendre complètement fait et cause pour les militants anti mariage homo. C’est même le cas de M. Copé, qui avance des arguments logiques en faveur d’une lutte politique fondée sur des idées plus larges que le seul thème de l’homosexualité ; cependant, il a aussi flairé le piège, celui qui le maintiendrait dans un débat sociologique restreint et donc insuffisant pour combattre l’hégémonie de la gauche.
LE DEBAT SUR LE MARIAGE HOMO RISQUE D’INFLUENCER LA CAMPAGNE DES MUNICIPALES
M. Copé constate en outre que les militants liés à Frigide Barjot attaquent les personnalités de droite qui se sont prononcées en faveur de la nouvelle loi ou ont refusé de la condamner. C’est le cas de Nathalie Kosciusko-Morizet, qui s’est abstenue lors du vote, mais qu’on imagine plus proche de la communauté homosexuelle qu’elle ne veut ou peut le dire. Un mot d’ordre court chez les barjotistes pour boycotter l’ancienne ministre lors de la bataille de Paris aux municipales. Du coup, le mouvement hostile au mariage homo devient clairement dangereux pour l’UMP. Car Guillaume Peltier, jeune chef de la Droite forte à l’UMP, a déclaré qu’il fallait que NKM fut battue. Comme le dit Claude Goasguen, député-maire du XVIè arrondissement, « la Droite forte doit-elle être la plus bête du monde ? ». Toute le monde sait en effet que, si une élue a un bonne chance de ravir Paris à la gauche, c’est bien NKM. Lutter contre le mariage homo au point de perdre des atouts électoraux devient absurde et l’UMP s’en inquiète.
Mais il n’y a pas que des calculs électoraux dans les hésitations de l’UMP. Il y a d’abord qu’elle voulait se servir des « manifs pour tous » pour renforcer ses chances et que le contraire se produit : Frigide Barjot devient d’autant plus encombrante que ses idées se résument à la médiatisation qu’elle cultive plus que la foi qu’elle arbore. Il y a ensuite que le débat au sein de la droite se poursuit et que le mariage homo, adopté dans nombre de pays, n’est pas la monstruosité que prétendent ses détracteurs, que la violence de leurs propos, même quand ils atteignent la simple et regrettable homophobie, relève davantage du climat général et de la crise socio-économique, que de l’universalisme ou la religion dont ils se réclament.
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