Quel impact sur le choix du mode de contraception des Françaises reste-t-il 4 ans après la tempête médiatique autour des pilules ? C'est la question à laquelle l'enquête Baromètre santé 2016 de Santé publique France (SPF) a voulu répondre en comparant les choix contraceptifs de 4 315 femmes françaises âgées de 15 à 49 ans en 2016 à ceux observés en 2010 et 2013 dans les enquêtes Fecond de l'INSERM.
« Juste après la crise, on a assisté à un report de la pilule vers d'autres méthodes, explique Delphine Rahib, chargée d'étude à l'unité sexuelle de SPF. Quatre ans après, l'évolution se maintient avec un trio gagnant, pilule, dispositif intra-utérin (DIU), préservatifs. Il n'y a pas de désamour pour la contraception ».
Pour la chercheuse, « la diversification est un plus pour les femmes. Il y a plus de chances que le choix se fasse de façon éclairée en adéquation avec les besoins, ce qui conditionne une meilleure efficacité. »
La pilule reste la plus utilisée
Si la pilule reste la méthode de contraception la plus utilisée, en particulier chez les moins de 25 ans, elle « perd de son hégémonie », constate la chercheuse, avec une désaffection persistante depuis 2012 suite au débat sur les risques liés aux pilules de 3e et 4e générations.
Néanmoins, l'enquête souligne que « ces résultats globaux cachent des tendances très différentes selon l'âge des femmes ». Chez les 15-19 ans comme chez les 45 à 49 ans, le schéma contraceptif n'a pas évolué. La contraception orale reste le premier mode de contraception utilisé avec le préservatif chez les plus jeunes. Il n'y a pas eu non plus de baisse de l'utilisation de la pilule chez les 45 à 49 ans (le DIU restant le favori dans cette tranche d'âge).
Une double tendance chez les 20-30 ans
C'est parmi les 20-29 ans que les plus grands changements sont observés depuis 2010. Une double tendance est constatée pour remplacer la pilule. « Soit elles abandonnent la pilule pour des méthodes à l'efficacité élevée (DIU, implant), explique Delphine Rahib, soit au contraire, pour le préservatif, certes efficace contre les infections sexuellement transmissibles mais moins sur le plan contraceptif ».
Chez les femmes de 20-24 ans, le recul de la pilule s'est fait avec un report sur : le DIU, qui a fortement augmenté entre 2010 et 2013 (+3,6 points) avant de stagner et l'implant, qui a progressé entre 2013 et 2016 (+5,5 points), mais aussi le préservatif dont le pourcentage a doublé dans cette tranche d'âge, passant de 9 % en 2010 à 19 % en 2016.
La tendance est encore plus marquée dans la tranche 25 à 29 ans pour le DIU (+9,8 points) entre 2010 et 2013, quand le préservatif a augmenté de 8,6 points. « Les femmes de 25 à 29 ans utilisent désormais le DIU dans les mêmes proportions que les femmes de 30 à 34 ans en 2010 », souligne l'agence de santé.
Pour François Bourdillon, directeur général de SPF : « Aujourd'hui, on constate une plus grande diversité des moyens contraceptifs chez les 20-29 ans mais qui reste encore trop marquée par le fait d'avoir eu des enfants. (...) Ces données montrent l'importance de poursuivre nos actions visant à faire connaître la diversité contraceptive et d'aider les femmes à trouver la contraception la mieux adaptée et donc la plus efficace ».
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