Après plusieurs jours de manifestations contre les restrictions sanitaires, la Chine semble s'orienter vers un assouplissement de sa politique « zéro Covid ». Le 29 novembre, les autorités ont annoncé une accélération de la vaccination contre le Covid-19 des personnes âgées, alors que seuls 65,8 % des plus de 80 ans sont pleinement vaccinés.
Ce déficit de vaccination est l’un des arguments mis en avant par le gouvernement pour justifier sa politique sanitaire, faite de confinements stricts à répétition, de quarantaines à l'arrivée de l'étranger et de tests quasi-quotidien pour la population. Combler ce retard pourrait être un premier pas vers la sortie de sa stratégie « zéro Covid ».
Aussi, la vice-Première ministre, Sun Chunlan, a déclaré, devant la Commission nationale de la santé le 30 novembre, que le pays faisait face « à de nouvelles circonstances », grâce au caractère moins dangereux du variant Omicron et à l'avancée de la vaccination.
Parmi les pays qui avaient adopté le « zéro Covid » au début de la pandémie, seule la Chine maintient une politique ferme au point de susciter la colère de sa population, épuisée par la répétition de confinements stricts.
Trois voies possibles pour « vivre avec le Covid »
« Un petit nombre de pays bien positionnés, dont l'Australie et la Nouvelle-Zélande, ont pu poursuivre le "zéro Covid" pendant une période limitée (…). Mais tous les pays ont dû gérer la transition vers une stratégie pour "vivre avec le Covid" », à l’exception de la Chine, rappelle le Pr Mark Woolhouse, épidémiologiste à l’université d'Édimbourg, sur le site de l’agence britannique Science Media Center.
Ce spécialiste des maladies infectieuses évoque les voies possibles pour « vivre avec le Covid » : la vaccination, d’abord, adoptée par l'Australie et la Nouvelle-Zélande qui n'ont levé la plupart des restrictions qu'une fois leur population protégée ; l'exposition à l'infection, ensuite, voie empruntée par la majeure partie de l'Afrique où, en raison d'une faible couverture vaccinale, l'immunité s'est développée grâce à des vagues répétées d'infection ; une combinaison de ces deux approches, enfin, suivie par de nombreux pays.
En Chine, la politique sanitaire n’a pas permis à la population d’être exposée au virus et de développer une immunité. Côté vaccination, le pays n’est pas parvenu à atteindre une couverture suffisante. Surtout, le principal vaccin utilisé, Sinovac, se révèle moins efficace que les vaccins à ARNm. « Du point de vue de la santé publique, une option pour la Chine est de se lancer dans un programme de vaccination supplémentaire énergique utilisant des vaccins importés plus efficaces », estime ainsi le Pr Woolhouse.
Intérêt limité des confinements sur le long terme
« Les confinements sont essentiellement une mesure à court terme qui vous fait gagner du temps pour faire face à l'immédiateté de l'urgence de santé publique », ajoute le Dr Michael Head, chercheur en santé mondiale à l’université de Southampton. Alors que des vaccins et des médicaments antiviraux sont désormais disponibles pour minimiser l'impact du Covid, les autorités chinoises « devraient utiliser ces confinements pour augmenter considérablement la couverture vaccinale et envisager une plus grande utilisation des vaccins à ARNm disponibles », suggère-t-il.
Même position chez le Pr Paul Hunter, épidémiologiste à l’université d'East Anglia : « Si j'étais responsable en Chine, je lancerais de toute urgence une nouvelle campagne de vaccination, en particulier pour les personnes âgées, afin de donner à chacun une protection supplémentaire avant d'assouplir les restrictions, à peu près ce que la plupart des pays occidentaux ont fait ».
Selon lui, une difficulté du pays vient du maintien de mesures strictes après la vaccination de la population, empêchant l’acquisition d’une immunité hybride (par vaccination et infection). Alors que la protection conférée par la vaccination décline dans le temps, une levée des mesures mettrait le pays « aux prises avec un nombre plus élevé de formes graves et de décès », juge-t-il.
Après presque trois ans de pandémie, l'expérience de la Chine « n'illustre que trop clairement la futilité du "zéro Covid" et les limites inhérentes au confinement en tant qu'intervention de santé publique », conclut le Pr Woolhouse.
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